
Révélée le 8 janvier dernier, une étude de l’Université de Caen Normandie publiée dans la revue Toxicology Reports est passée étrangement inaperçue. Elle révélait pourtant que la toxicité du glyphosate était encore plus grave qu’on le pensait jusqu’alors.
L’étude qui aurait du initialement être publiée le 31 mai 2017 dans la revue PlosOne « a finalement vu sa publication repoussée pour des raisons fallacieuses », précisait l’Université de Caen Normandie. « On peut soupçonner les lobbies d’avoir été à l’œuvre pour simplifier le débat sur le glyphosate », ajoutait-t-elle.
Il est vrai que ce sont les professeurs Gilles-Eric Séralini, Nicolas Defarge et Joël Spiroux qui ont étudié 14 formules d’herbicides à base de glyphosate, ainsi que leurs impacts sur les plantes et des cellules humaines. Des chercheurs qui suscitent depuis fort longtemps l’ire de l’industrie des produits phytosanitaires, qui n’ont de cesse de traîner leurs travaux dans la boue.
Or cette fois nos chercheurs ont eu l’idée de s’intéresser aux « formulants » du glyphosate.
Un produit phytosanitaire commercialisé, comme le glyphosate, est composé de deux éléments. Une ou des substances actives, d’origine naturelle ou synthétique, ou micro-organisme qui détruit ou repousse l’organisme visé. (...)
selon nos chercheurs, « Ces produits ne sont pas déclarés et normalement interdits pour leur toxicité », indique leur rapport d’étude. « Sur les plantes, les formulants (de type Polyoxyéthylène amine - POEA) sont toxiques sans glyphosate, et le glyphosate semble le devenir seulement à des niveaux plus élevés que les doses agricoles ».
Mais sur les cellules humaines, « les formulants composés de résidus de pétrole sont beaucoup plus perturbateurs endocriniens et toxiques que le glyphosate ».
Le cocktail de formulants toxiques présents dans les herbicides à base de glyphosate serait donc plus dangereux que le glyphosate lui-même, Ce qui remet dès lors en cause les analyses de toxicité des herbicides, portant sur le seul glyphosate. (...)
« Nous appelons à une transparence immédiate sur les formulations et surtout leurs tests sur la santé. Les résidus acceptables de glyphosate dans la nourriture et les boissons devraient être divisés immédiatement au moins par 1000 à cause de ces poisons cachés, et les herbicides à base de glyphosate devraient être interdits », estiment en effet les chercheurs.