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The Guardian
La Cop15 était censée être le moment de la nature à Paris, mais le cri de Greta Thunberg "bla, bla, bla" prouve qu’elle a raison.
#COP15
Article mis en ligne le 16 décembre 2022
dernière modification le 15 décembre 2022

Même selon les normes glaciales des négociations de l’ONU sur la biodiversité, la Cop15 a été lente. Nous sommes à Montréal depuis plus d’une semaine et je suis sidérée par l’absence de progrès, surtout après l’importance que plusieurs dirigeants mondiaux ont accordée à ce sommet.

Il est encore temps d’inverser la tendance. Mais il n’y a pas d’urgence politique derrière la crise de la biodiversité ni de volonté de changement transformateur, pour autant que je puisse en juger. La critique "bla, bla, bla" de Greta Thunberg sur les négociations gouvernementales en matière d’environnement s’avère juste en l’état actuel des choses, malheureusement.

Nous avons fait des progrès sur les parties de l’accord qui ne sont pas si controversées, mais nous avons laissé toutes les parties difficiles aux derniers jours d’un processus qui a pris trois ans. Cette situation laisse présager une épreuve de force dramatique pour les ministres ce week-end et au début de la semaine prochaine, à l’approche de Noël. Les rencontres bilatérales tardives et les réunions dans les couloirs ne vont pas tarder.

Derrière les portes closes, les pays semblent tout aussi dysfonctionnels. Le groupe africain semble manquer de coordination, les latino-américains semblent divisés, les européens ne sont pas constructifs, les canadiens n’ont pas été utiles dans les discussions et les chinois sont silencieux. Alors que les ministres arrivent à Montréal, ce sont des jours cruciaux pour mettre au point l’accord.

Un résultat positif est encore possible, mais nous devons commencer à faire de réels progrès.

Nous pourrions probablement vivre avec un accord de biscuits détrempés. Personne ne va mourir si cela se produit - à part la biodiversité de la Terre. Les principaux intérêts économiques ne sont pas les mêmes que pour le changement climatique. Mais cela devait être le moment de Paris pour la nature et il semble que cette ambition soit repoussée aux années 2030 et 2040.

Pour l’instant, la Chine ne fournit pas le leadership dont nous avons besoin pour faire une percée. Elle a toujours été discrète dans les négociations de l’ONU sur la biodiversité, mais ce n’est pas le rôle normal d’un président de Cop. Politiquement, un président est chargé d’aider à résoudre les divergences et de pousser les pays à régler leurs différends. C’est peut-être le cas - personne ne dispose d’informations parfaites sur l’état d’avancement de la Cop15 - mais cela ne semble pas être le cas.

Dans les pourparlers, la Chine est restée objective et n’a pas donné son avis, disant aux autres pays qu’ils devaient se débrouiller entre eux. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Quelqu’un doit se mobiliser.

Le Canada a fait un excellent travail en organisant la Cop15 à la dernière minute à Montréal. Mais même si nous avons entendu de grands engagements de la part du Premier ministre, Justin Trudeau, sur un objectif de protection de 30 % de la planète, il ne nous aide pas dans les autres parties des négociations. L’ONU fait de son mieux.

Nous avons besoin du leadership politique des ministres dans les derniers jours. Quelqu’un doit créer une volonté politique suffisante pour faire une percée. En l’état actuel des choses, je ne vois pas d’où cela va venir. Pourtant, si nous y parvenons, un accord pourrait être rapidement trouvé. Il faudra des négociations tardives et des discussions secrètes tôt le matin pour y parvenir. Une issue favorable est toujours possible, mais nous devons commencer à faire de réels progrès. Nous ne pouvons pas continuer à faire traîner les choses en longueur.

(...)

lire aussi :

La biodiversité menacée

La 15e conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (COP15) s’ouvre aujourd’hui (7 décembre), jusqu’au 19 décembre à Montréal (Canada) sous présidence chinoise. Cette COP revêt une importance particulière, car elle doit permettre d’adopter un nouveau cadre stratégique mondial pour mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici 2030. La France et l’Union européenne y porteront des ambitions fortes, pour que les moyens de ce nouveau cadre soient à la hauteur des enjeux.