La Cour des comptes vient de publier son Rapport public annuel 20181. Dans son Tome 1, un point entier du chapitre I, « Les Finances publiques », est consacré aux emprunts toxiques. L’intitulé retenu, La sortie des emprunts à risque des collectivités locales : un exercice mené à bien mais un coût élevé pour les finances publiques2, affiche la volonté de ménager la chèvre et le chou.
Si ce rapport a l’intérêt de porter à notre connaissance des éléments essentiels sur l’issue de ce dossier, dans le même temps, comme dirait notre cher président, il atténue quelques-unes de ses composantes, omet de mentionner un certain nombre d’éléments et se refuse à creuser des aspects pourtant essentiels. Ces manques nous ont amené à proposer une lecture critique de ce rapport dont l’objectif essentiel est de faire la démonstration que le recours des collectivités aux aides du fonds de soutien est un meilleur choix que l’action en justice contre les banques.
« Euphêmismos : emploi d’un mot favorable (à la place d’un mot de mauvaise augure). » Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française
Au commencement était le verbe. Force est de constater que celui des rapporteurs est fortement euphémisé. Dans leur étude, ils privilégient les expressions « emprunts à risque », « emprunts structurés », « produits structurés », « produits dits structurés » et « produits très sensibles ». Le mot « toxicité », utilisé entre guillemets n’apparaît qu’une fois et le mot « toxique » deux fois seulement (dont une entre guillemets) et à chaque fois précédé de l’adverbe « faiblement » jouant un rôle d’adoucisseur.
Ces choix lexicaux ne doivent rien au hasard. (...)