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La GPA…un film d’horreur 100% réel ? Utiliser des femmes et des hommes en état de mort cérébrale comme mères porteuses
#femmes #GPA #exploitation
Article mis en ligne le 11 mars 2023

“Whole body gestational donation”, le don gestationnel du corps entier est le titre d’une étude norvégienne qui propose d’utiliser les corps en état de mort cérébrale comme mères porteuses. Dès les premières lignes, le ton est posé : “le don gestationnel du corps entier offre un autre moyen de gestation aux futurs parents qui souhaitent avoir des enfants, mais qui ne peuvent pas ou préfèrent ne pas les porter.”

Les corps ne sont plus des personnes humaines mais de simples amas de cellules, des sacs d’organes. La vie est réduite à ses fonctions mécanicistes : elle respire encore, elle peut enfanter. Si un couple veut un enfant, il doit l’avoir quoi qu’il en coûte, qu’il s’agisse d’exploiter la pauvreté de femmes dans le besoin ou des corps inertes, comme dans le cas présent. C’est le transhumanisme libéral, pensé à l’ère des égoïsmes et de la sacrosainte volonté des individus. Les bons sentiments qui servent d’habitude de prétexte “pour faire avaler la pilule” au commun des mortels ne sont même pas ici dérangés, puisque cette GPA sur femme morte cérébralement serait ouverte aux personnes ne désirant tout simplement pas porter d’enfant : devant les désirs et les caprices de nos contemporains, tout doit s’effacer. L’éthique, la décence, toute conception de la vie qui ne soit pas purement fonctionnelle, c’est has been. Tout comme le sacré, celui-là étant désormais complétement anachronique. Sainte Science règne en maitresse absolue. Pas la biologie, pas la nature, mais la science, l’intervention humaine sur la nature. Le progrès ultralibéral c’est bien ça : plier la nature à nos caprices.

Mais tempérons… Si l’auteur de l’étude, Anna Smajdor, agrégée de philosophie à l’université d’Oslo, part du principe qu’”il n’y a aucune raison médicale évidente pour laquelle il ne serait pas possible de commencer de telles grossesses”, le consentement existerait, il serait émis à priori, sur le modèle des dons d’organes. Si ces derniers sont acceptés, le don du corps entier à des fins reproductives devrait l’être aussi, puisque “la logique est la même” pour l’universitaire scandinave.

Les féministes peuvent donc se rassurer, le consentement est là, ce qui leur évitera toute réflexion sur la réification du corps des femmes, sur leur réduction à la fonction d’incubatrice, de tupperware humain. Ouf, sauvées ! Mais il y a mieux. Anna Smajdor, écarte toutes ces préoccupations féministes grâce à la maternité… masculine ! (...)

Et Saint contrat est là lui aussi ! Si tout le monde est d’accord, il ne devrait donc pas y avoir de problème à placer des embryons jusqu’à la naissance dans l’utérus de femmes – ou d’hommes – morts cérébralement. Enfin, tout le monde d’accord à part le bébé, évidemment. Il ne fait d’ailleurs l’objet d’aucune considération dans l’étude, inutile de chercher les termes enfant, bébé, nouveau-né, vous ne les trouverez pas. Aucune observation non plus sur le lien qui unit la mère à l’enfant à naître, vous imaginez bien ! Ce dernier est nié en soi par la GPA quelle qu’elle soit.

Et ce, même si cette même science a établi depuis des lustres qu’ils sont connectés sensoriellement et affectivement, et que l’état psychologique de la mère joue un rôle prépondérant dans le processus évolutif du bébé. Pas une ligne, pas un questionnement sur les conséquences d’un encéphalogramme plat de la mère alors que le fœtus est sensible à ses émotions. S’il n’y en a pas, que se passe t’il ? Cela ne semble pas intéresser notre philosophe.

Lire ausssi :

 (Entre les lignes, entre les mots)

Au profit de la GPA, allons-nous faire accoucher des femmes mortes ?

À partir du constat qu’« il n’y a pas de raison médicale évidente pour laquelle il ne serait pas possible d’initier de telles grossesses », Smajdor considère qu’il est préférable d’utiliser comme mère porteuse des femmes en état de mort cérébrale, plutôt qu’en état végétatif persistant, car la mort cérébrale est irréversible, et que le don d’organes est déjà pratiqué sur des personnes en cet état. Elle propose aussi que le « don gestationnel de corps entier » soit accessible à toute personne qui veut « éviter les risques et les contraintes liés à la gestation d’un fœtus dans son propre corps » ; et pour augmenter le nombre de donneurs potentiels, que les hommes en état de mort cérébrale puissent aussi porter des grossesses. Les deux principaux contre-arguments examinés par la chercheuse sont que « ces dons ne permettent pas de sauver des vies et qu’ils peuvent réifier le corps reproducteur féminin ». Elle balaie ces objections. Le don ne serait pas toujours vital car des dons d’organes non vitaux (cornée, bras, utérus) sont déjà largement acceptés. Plus encore, le « don gestationnel de corps entier » aurait le mérite de permettre la création d’une vie nouvelle. Quant à la réification du corps reproductif des femmes, la chercheuse admet que dans le type de don qu’elle envisage, il s’agit tout simplement de l’utilisation du corps comme récipient pour le fœtus. (...)

La réflexion de Smajdor est pleine d’enseignements pour qui s’intéresse aux droits humains et aux droits des femmes. La philosophe dit engager une réflexion sur l’éthique de ce qu’elle présente comme un don, qu’elle compare avec le don d’organes. Or, elle fait le choix d’ignorer la « Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine » (Convention d’Oviédo), qui stipule que « l’intérêt et le bien de l’être humain doivent prévaloir sur le seul intérêt de la société ou de la science ». L’intérêt et le bien d’une femme ainsi utilisée, quand bien même elle serait en état de mort cérébrale, sont considérés comme inexistants, ou moins importants que ceux des personnes commanditaires.

Quant à désigner le processus proposé comme « don gestationnel de corps entier », et à le comparer au don d’organes, ceci pose plusieurs problèmes (...)

Le don gestationnel non seulement n’existe pas, mais il ne peut exister. La gestation est un processus « à la fois biologique et biographique » (Sylviane Agacinski) ; il n’est pas détachable de celle qui le vit. D’ailleurs, les commanditaires d’enfants par GPA ne commandent pas une gestation, mais un enfant. Enfin, le terme de « don » laisse à croire que le corps entier d’une femme est donné, ce qui reviendrait à affirmer qu’il appartient (que la femme appartient) aux commanditaires – comme un œil donné appartient à la personne qui l’a reçu. Sauf qu’un être humain ne peut appartenir à un autre, si ce n’est en tant qu’esclave. (...)

 (Marianne)
GPA : une étude suggère d’utiliser les femmes en état de mort cérébrale… comme mères porteuses

L’idée affole déjà les réseaux sociaux. Une femme en état de mort cérébrale pourrait-elle bientôt permettre à des couples de donner naissance à un enfant ? C’est en tout cas l’idée lancée par Anna Smajdor, professeure agrégée de philosophie à l’université d’Oslo, en Norvège. Dans une étude publiée le 18 novembre dernier dans la revue scientifique Theoretical Medicine and Bioethics, l’universitaire suggère que les femmes en état de mort cérébrale pourraient être utilisées… comme mères porteuses après y avoir consenti au préalable, comme dans le cas d’un don d’organes. (...)