
La GALE est le dernier groupe en date à faire les frais de cette procédure éminemment politique, décidée en Conseil des Ministres. Depuis 2010, le rythme des dissolutions s’est accru et les cibles se sont élargies. Depuis fin 2020, le gouvernement a entamé un processus de dissolution de plusieurs associations de lutte contre le racisme et l’islamophobie ou contre la colonisation des territoires palestiniens par l’Etat d’Israël. La dissolution de la Gale s’inscrit donc dans un contexte répressif visant celles et ceux que l’Etat considère comme ses ennemis intérieurs : les musulman-es et la gauche radicale.
Le principe de cette politique répressive est toujours le même : légitimer des procédures judiciaires exceptionnelles et abusives par le fait qu’elles s’attaquent à des groupes moralement « indéfendables » (terrorisme, milices d’extrême-droite), pour ensuite les étendre à d’autres domaines.
La nouveauté cette fois-ci, c’est la mobilisation d’un article de la loi Séparatisme, (L 212-1) taillé sur mesure pour s’attaquer aux groupes de gauche radicale. C’est par le biais de cet article, qui vient renforcer les dispositions du Code de Sécurité Intérieure, que la Gale est accusée de « provoquer à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ». Dans les obscurs débats autour d’une loi islamophobe, liberticide et dangereuse, Darmanin argumentait, sans rire : « Imaginons une association de black blocs dont les membres revendiquent des attaques contre les forces de l’ordre, contre les biens ». En ligne de mire, Darmanin visait évidemment des médias comme Nantes Révoltée, et des groupes politiques comme la GALE, et plus largement la contestation de rue et la critique radicale du gouvernement.
En cela, Darmanin renoue avec un usage historique de la dissolution, aux fins de museler des résistances à l’ordre établi (...)
Les mâchoires juridiques se complètent d’année en année pour attaquer ceux et celles qui se permettent encore de critiquer le gouvernement. La loi séparatisme est venue compléter un mille-feuille répressif déjà conséquent : loi Sécurité Globale ; état d’urgence permanent ; incarcération massive pour des motifs politiques ; blessures et mutilations ; lois « anti-casseurs » après les Gilets Jaunes ; état d’urgence sanitaire ; avalanche de mesures racistes et antisociales. Pourtant, la contestation ne disparaît pas.
L’extrême droite de son côté réclame depuis des années la dissolution de groupes antifascistes. (...)
A l’heure où les idées fascistes, racistes et nationalistes progressent significativement, et où les exactions des militants d’extrême droite se multiplient (ratonnades, agressions, meurtres, tortures etc.), notamment à Lyon, le gouvernement choisit de s’attaquer à des associations de lutte contre l’islamophobie, des associations antiracistes et antifascistes, qui nourrissent une critique radicale et légitime des actions du gouvernement. (...)
ils et elles ne sont pas seul·es à faire vivre l’ensemble de ces gestes de solidarité, de lutte politique contre les injustices, le racisme et le fascisme. Nous considérons que ces procédures de dissolution liberticides attaquent nos droits individuels et collectifs à nous exprimer, manifester, informer et tout simplement lutter.