
Nous le peuple traite de la crise de la démocratie à travers la réappropriation des valeurs qui fondent la Constitution par des citoyens et citoyennes « ordinaires ». Pour donner corps à leur projet, les réalisateurs ont choisi de suivre trois groupes : un groupe de détenus de Fleury-Mérogis, un groupe de femmes de Villeneuve-Saint-Georges et un groupe de lycéens et lycéennes de Sarcelles dans leurs participations à des ateliers constituants.
Animés par une association d’éducation populaire Les Lucioles du Doc, ils ont pour objectif de rédiger ensemble une nouvelle Constitution qui donne aux citoyens et citoyennes une plus juste place dans les prises de décisions politiques.
Les détenus sont volontaires. Ils ont choisi ce travail sur la Constitution plutôt qu’une autre activité scolaire ou sportive. Les femmes solidaires de Villeneuve-Saint-Georges est une association de quartier qui s’est créée à la suite de violences parfois meurtrières entres jeunes de différentes cités. Ces mères de famille, immigrées pour la plupart, ont été amenées à gérer les multiples problèmes du quartier : décrochage scolaire, tensions avec la police, disparition des services publics… Le groupe des lycéens de Sarcelles est formé d’une quinzaine d’élèves volontaires de deux classes de 1ère ES du lycée Jean-Jacques Rousseau. (...)
Conçu plusieurs mois auparavant, le film a été tourné entre janvier et juillet 2018 au moment même où l’Assemblée nationale examinait la réforme de la Constitution voulue par Emmanuel Macron. Une actualité permettant de créer une certaine dramaturgie. Les interventions à l’Assemblée nationale de la Garde des Sceaux et de la présidente de la Commission des lois sont montées en parallèle des travaux des groupes. Le fossé entre les codes sociaux et les langages est souligné à un point qui s’avère caricatural. (...)
La réflexion de l’atelier sera finalement portée jusque dans l’hémicycle sous la forme d’un amendement par Danièle Obono (La France insoumise). Il sera brutalement balayé.
« La rencontre, même quand elle a lieu – et dans le film elle a lieu –, reste impossible », constatent les réalisateurs.
Quelques jours après la fin du tournage, le gouvernement suspendait l’examen de sa réforme constitutionnelle. Deux mois plus tard, le mouvement des gilets jaunes commençait. D’une façon inattendue, le film se retrouve en pleine actualité.