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Gérard Filoche
La Libye n’est ni la Tunisie ni l’Egypte : aider les insurgés à se libérer eux mêmes de la dictature !
Article mis en ligne le 23 mars 2011

L’histoire et la structure des pouvoirs n’est pas la même à Tripoli qu’à Tunis et au Caire, et la force et la nature du mouvement populaire n’ont pas été les mêmes. Il n’y a pas eu de « Place Tahrir » en Libye. Sans doute parce que, à l’est du pays, de Tobrouk à Benghazi, les premiers insurgés spontanés, ont vu rapidement se structurer, à leur tête, des forces tribales, politiques et armées, économiques aussi, car le pétrole est là, qui ont pris le contrôle du mouvement et changé la donne de l’insurrection populaire contre l’insupportable dictature de Kadhafi.

Il faut constater qu’un des tout premier résultat de l’arrivée des nouveaux dirigeants politiques de l’est libyen a été de faire fuir 130 000 travailleurs immigrés vers l’Egypte et aussi 154 000 vers la Tunisie qui se sentaient menacés, certes par les combats et les bandes et l’armée de Kadhafi, mais en grande partie aussi par les insurgés eux-mêmes qui voyaient en eux, les premiers jours, des « mercenaires » possibles au service du pouvoir. Peut-on parler de mouvement démocratique lorsqu’ils ont massacré des noirs dans la région ? Non seulement les noirs mais tous les immigrés en Libye se sont sentis en danger. D’où l’exil massif de 300 000 travailleurs aux deux frontières.(...)

Et il faut donc comparer avec les armées égyptiennes et tunisiennes, elles étaient bien plus fortes au Caire et à Tunis qu’à Tripoli : si elles ont été empêchées d’intervenir, obligées de lâcher Ben Ali et Moubarak, c’est par la force unie de l’opposition dans les rues et dans les grèves. Cette opposition, dans les deux cas, en Egypte comme en Tunisie, comme le soulignait cette semaine Jean Daniel dans le Nouvel Observateur, a été d’autant plus remarquable et sa victoire d’autant plus extraordinaire qu’elle a été « pacifique »… Les Baltaguiyas de Moubarak ont été battus, ceux de Kadhafi allaient ne pas l’être. Une guerre civile inégale a pris la place du soulèvement populaire.(...)

Nous sommes entre deux mauvaises solutions : toute victoire de Kadhafi serait un coup d’arrêt évident au printemps arabe.

Mais toute intervention militaire occidentale directe serait aussi une façon de déposséder ces peuples en mouvement de leurs insurrections souveraines, démocratiques et sociales.

Les occidentaux ont fait volte face et ont fait voter à 10 voix sur 15, la motion 1973 de l’ONU. Ils ont préféré successivement ces deux mauvaises solutions à la vague de mouvements sociaux qui courent du Maghreb au Machrech : qui empêche que, pendant cette séquence libyenne, il y ait 46 morts par la répression au Yémen ?(...)

Que les avions français de Sarkozy se dressent contre les avions français de Kadhafi encore en état de voler n’est pas la meilleure façon de redonner le pouvoir au peuple libyen dans son ensemble.(...)

On croit rêver du discrédit et des dangers que ce Président-là nous fait courir. C’est pourquoi nous ne l’encenserons pas, comme cela devient à la mode ces jours-ci, dans les radios et journaux français obséquieux. Il n’a pas plus « raison » aujourd’hui qu’hier.

Cela faisait longtemps qu’il cherchait « sa » guerre, une « bonne guerre », une bonne diversion, cela se voyait à Kaboul ou au Niger, il cherchait à jouer à tout prix les matamores pour tenter de compenser à l’extérieur son écroulement intérieur d’audience dans le pays.(...)

Qui peut croire une seule seconde, dans le monde et en France, que Sarkozy peut apporter de la liberté, de la démocratie et du bien être à quiconque ? Il en enlève aux Français depuis cinq ans ! Il est l’allié des riches pas des peuples ! Il réduit les expressions démocratiques au Parlement, il ne les développe pas. Il a réussi à faire battre à la France son record de chômeurs, plus de 5 millions. Il réduit les droits sociaux autant qu’il peut. Il bloque les salaires. (...)

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