
Ce matin, Dominique Seux, éditorialiste libéral sur France inter (la radio où il ne dépare pas trop) a souhaité un bon anniversaire à la Sécurité sociale qui fête ses 70 ans. Que de bienfaits, mais à quel prix ! « Un prix trop élevé pour l’économie », « il y a deux gros échecs », dixit l’éditorialiste anti-social.
Trois minutes d’éditorial. Trois erreurs grossières qui sont autant de mantras idéologiques : une erreur historique, une erreur politique et une erreur théorique.
Première erreur d’ordre historique
La Sécurité sociale n’a pas été créée par le général De Gaulle. Son principe a été posé dans le programme du Conseil national de la résistance à la fin de la guerre. Il a été concrétisé et mis en œuvre par Pierre Laroque et Ambroise Croizat, De Gaulle, homme de droite mais conscient du rapport de force d’après-guerre, y étant opposé sur le plan du principe.
Deuxième erreur d’ordre politique
Les déficits de la Sécurité sociale viennent plus de la diminution organisée des cotisations sociales, sous la pression du patronat depuis de nombreuses années, que d’une gabegie de dépenses.
Troisième erreur d’ordre théorique, la plus insidieuse et la plus dangereuse
Je cite : « Il y a aussi voire surtout le fait que le financement de la sécurité sociale se traduit par un niveau de prélèvements qui a considérablement augmenté depuis des années et qui est plus élevé qu’ailleurs. Ce sont des prélèvements sur le secteur productif, sur les entreprises, le commerce, les artisans, les PME, c’est la question du coût du travail. »
Archi-faux : les fameux prélèvements sont effectués sur l’ensemble des acteurs économiques, ceux employés dans le privé comme ceux employés dans le public.
Re-archi-faux : le travail productif ne doit pas être réduit à la sphère marchande, car, dans la sphère non marchande, s’y produisent de l’authentique richesse (santé, mais aussi éducation, culture, recherche…) et de la valeur économique, au point que les impôts et cotisations sociales sont prélevés sur un produit global augmenté du fruit du travail des soignants, des éducateurs, etc.[1]
La conclusion de notre éditorialiste de pacotille intellectuelle est une véritable chute, au sens propre (...)
Plutôt que mettre la Sécu au rencart, mieux vaudrait mettre à la retraite les éditorialistes de cet acabit.