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La Syrie, victime du Printemps arabe ?
Article mis en ligne le 19 mai 2012
dernière modification le 18 mai 2012

Du 21 au 25 avril, le World Peace Council (WPC – Conseil mondial pour la paix) et la World Federation of Democratic Youth (WFDY - Fédération mondiale de la jeunesse démocratique) organisaient une mission internationale de solidarité et d’enquête en Syrie. Trente-six (36) organisations de 23 pays avaient répondu à l’invitation. Intal est membre du WPC et a donc envoyé Mario sur place.

Depuis le 15 mars 2011, la Syrie est impliquée dans le « Printemps arabe ». Mais ce concept fourre-tout dissimule une grande diversité de pays et de luttes dans la région. Ce concept illustre également l’hypocrisie de l’Occident. (...)

L’image de la Syrie que nous renvoient les médias est celle d’un pays où sévit une guerre entre le gouvernement syrien et la population syrienne. Une fois en Syrie, cette image doit être revue et ce, dès la frontière.
(...)

La différence entre les informations données par les médias et la réalité en Syrie est le point qui interpelle le plus, tant lors des rencontres officielles avec des étudiants, des syndicats, des dignitaires religieux, des hommes politiques, etc., qu’avec les gens dans la rue. On peut avoir accès partout en Syrie à des chaînes comme Al Jazeera, Al Arabia, France24, etc., que ce soit dans les maisons ou dans les hôtels. Les informations qu’elles véhiculent diffèrent tellement de la réalité que les gens d’une même famille séjournant dans des villes différentes se téléphonent régulièrement pour vérifier ce qui passe à la TV. Aujourd’hui, en Syrie, ces chaînes ont perdu toute crédibilité et se font sans arrêt critiquer par les Syriens car, avec leurs informations mensongères comparables, elles ont rendu possible une intervention étrangère en Libye. (...)

On peut dire la même chose de ce que pensent les Syriens des rebelles armés. Ils ne peuvent compter que sur peu de soutien de la part de la population et on leur reproche bien des choses. Leur programme ne va guère plus loin que d’exiger la démission d’Assad. Donc, un changement de régime. Ils sont financés par l’étranger (le Qatar et l’Arabie saoudite ont promis de payer les salaires de ces combattants). Ils mettent en danger l’indépendance de la Syrie et réclament une intervention étrangère. Ce sont des extrémistes religieux qui n’hésitent pas à recourir à des méthodes terroristes, tels des attentats à la bombe, dans des villes comme Damas et Alep, au cours desquels on dénombre également des victimes civiles.

Les Syriens craignent surtout la violence sectaire dont ces rebelles armés se sont faits les champions. (...)

Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans le difficile exercice d’équilibre auquel se livrent les Syriens. Ils se rendent très bien compte qu’une intervention étrangère ne pourra que les plonger dans la misère. C’est devenu on ne peut plus clair en Irak (dont la Syrie accueille plus d’un million de réfugiés), mais également en Libye. Il s’unissent également afin de défendre la souveraineté de la Syrie et sont contre les groupes armés qui réclament une intervention.

En même temps, on entend des critiques à l’encontre du gouvernement et les Syriens laissent entendre clairement qu’un changement est nécessaire. Les revendications du peuple sont légion. Il faut mettre un terme à la corruption, la situation des travailleurs doit être améliorée, la situation économique, qui a empiré, doit être inversée, les droits démocratiques et le droit à la participation doivent être plus développés… Ces revendications sont exprimées par des groupes d’opposition actifs depuis des années déjà, par des groupes qui ont vu le jour tout récemment, par divers partis politiques et par les gens dans la rue. On se rend toutefois bien compte que l’on ne verra pas grand-chose de ces revendications si le pays s’enlise dans une guerre civile ou est occupé par l’Occident.
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L’opposition syrienne qui, dans le sillage de la Tunisie et de l’Égypte, entend protester pacifiquement mais qui rejette en même temps une insurrection armée et une intervention étrangère, n’a pratiquement jamais son mot à dire dans les informations que l’on nous renvoie en Occident. Elle traduit toutefois l’avis d’un très grand nombre de Syriens. Pourtant, ce sont les rebelles armés, soutenus par l’étranger, et leur Conseil national syrien, dont le quartier général se trouve en Turquie, qui monopolisent toute l’attention. Cette situation est comparable à celle du Conseil national libyen qui bénéficiait du soutien de l’Occident mais qui ne représentait somme toute que lui-même. La situation chaotique en Libye aujourd’hui montre que ce qu’envisage l’Occident ne laisse rien augurer de bon pour la Syrie.
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A l’exception de la Libye, la Syrie est le seul pays à avoir refusé d’aller dans le sens de la proposition française visant un marché plus intégré autour de la Méditerranée. La Syrie protège son marché du mieux qu’elle peut des investisseurs étrangers, malgré les ouvertures qu’elle a concédées ces dix dernières années à la demande du FMI et de la Banque mondiale. Les secteurs et entreprises qui sont sous contrôle de l’État représentent environ 80 pour 100 de l’emploi. Il ne s’agit pas uniquement ici de la gratuité de l’enseignement et des soins de santé, des transports publics, etc., mais également de pans entiers des secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des services. C’est un marché important que les multinationales s’approprieraient très volontiers.

Ces multiples raisons suffisent amplement, aux yeux de l’Occident, pour manipuler, au profit de son propre agenda, les revendications justifiées des Syriens à l’encontre de leur gouvernement. Qu’ils soutiennent pour ce faire les groupes armés les plus extrémistes, comme ce fut le cas en Libye, ne doit donc pas nous étonner.
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Le dimanche 20 mai 2012, intal organise une action contre l’OTAN. Rejoignez-nous et choisissez le pays que vous voulez représenter : Flashmob for Peace

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