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La boutique sans argent : l’exemple d’un mode de consommation qui fait un pied de nez à l’économie libérale
mardi 26 juillet - par Pressenza
Article mis en ligne le 26 juillet 2016

La boutique sans argent fonctionne avec un concept innovant : rendre à chacun sa dignité en lui permettant de devenir acteur de sa propre consommation.

En dehors de tout modèle caritatif habituellement connu, elle travaille sur la diversité de l’accueil pour déstigmatiser les personnes qui sont en situation de précarité. L’accès à la boutique n’est soumis à aucune condition de ressource et il est considéré que les personnes qui la fréquentent à la recherche d’objets ne sont pas forcément dans le besoin mais en ont besoin. (...)

avec un taux de pauvreté en France en constante augmentation[1], il ne fait aucun doute de l’utilité d’une boutique sans argent.

Quelques données attestent de situations bien réelles :

1,9 million de personnes touchent le RSA, au total quatre millions de personnes sont allocataires de minima sociaux.
Les jeunes, les séniors et les familles monoparentales sont les plus touchés et les femmes le sont deux fois plus que les hommes.

La boutique sans argent nous permet de ne pas oublier que derrière ces chiffres, il y a des personnes et des histoires de vie.

Sa directrice, Debora Fischkandl, nous parle de ce projet qui en juin 2016 a fêté son tout premier anniversaire.

Pressenza : qu’est-ce la boutique sans argent ?

Debora Fischkandl : c’est un des premiers magasins gratuits ouverts en France situé à Paris dans le XIIèmearrondissement.

D’autres pays sont précurseurs en la matière, comme l’Allemagne[2] ou l’Angleterre.

La boutique est un lieu de dons collaboratifs qui fait vivre la générosité entre citoyens.

Il ne s’agit pas d’un système de troc, une personne peut prendre quelque chose sans forcément avoir elle-même apporté un objet. (...)

Notre volonté est d’accueillir à la boutique une grande diversité socio-économique.

Les situations des personnes qui viennent sont elles-mêmes variées, 1/3 d’entre elles ne se considèrent pas du tout en difficulté économique, la moitié se dit en situation de difficulté ponctuelle, alors que 13% sont en difficulté économique pérenne structurelle.

Certaines vont venir pour d’autres raisons : une sensibilité aux enjeux environnementaux qui leur fait instaurer des habitudes de réemploi d’objets.

À l’occasion des visites, la boutique informe sur les ressourceries et les repair cafés[3].
Nous sommes bien dans une évolution de nos modes de vie et vers une conscientisation plus importante de la consommation.

Un objet que l’on utilise plus n’est pas un déchet et si quelqu’un d’autre le réutilise, il est revalorisé. (...)

Un vêtement produit va polluer la planète si on ne le recycle pas. Le fait que nous recevions trop de vêtements à la boutique est une preuve que la production est trop importante.

Quant aux conséquences humaines et sociales elles sont maintenant largement dénoncées[4]. (...)

Nous proposons des ateliers « partage de savoir-faire et de compétences ». Un prétexte à favoriser les rencontres. Il s’agit de dons de compétences et non d’échanges. Celui qui dispense l’atelier bénévolement acquiert des compétences de transmission qu’il ne se connaissait pas forcément.

Dans le quotidien de la boutique les personnes interagissent entre elles, elles discutent, celles qui apportent des objets peuvent rencontrer celles qui récupèrent. L’échange ne se fait pas en fonction de la valeur marchande des objets.

Les bénévoles sont celles et ceux qui, dans une première démarche, sont venus pour déposer ou chercher des objets.

P : Comment vous financez-vous puisque vous ne gagnez pas d’argent avec les ventes ?

DF : Il y a un fonctionnement non monétaire avec les bénévoles et le lieu prêté gracieusement par la Mairie de Paris. Et un fonctionnement monétaire comprenant des subventions et des aides – la Région Île-de-France, Pôle Emploi pour les emplois aidés, aide d’un groupe de presse avec le prix des femmes engagées pour le développement durable – auxquels se rajoutent une campagne de crowdfunding et une participation volontaire sur place dans la boutique. (...)