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le Monde
La candidature de Sylvie Goulard à la Commission européenne largement rejetée par les eurodéputés
Article mis en ligne le 11 octobre 2019

La Française n’est pas parvenue jeudi à convaincre les eurodéputés de son intégrité à l’issue d’une seconde audition.

Elle les avait appelés à statuer en leur « âme et conscience ». Cela n’aura pas suffi. Le Parlement européen a rejeté, jeudi 10 octobre, à une large majorité la candidature de Sylvie Goulard, ex-ministre désignée pour siéger dans la future Commission européenne par le président français, Emmanuel Macron, qui devra donc lui trouver un remplaçant après ce revers.

Mme Goulard a été recalée (82 voix contre, 29 pour et une abstention) par les eurodéputés des commissions du Parlement qui l’avaient auditionnée pour la seconde fois, expose le décompte du vote fourni par des sources parlementaires. (...)

C’est la première fois qu’un candidat présenté par la France pour un poste de commissaire est recalé par le Parlement européen. D’un ton acerbe, Emmanuel Macron a déclaré « ne pas comprendre » les raisons du rejet de cette candidature. (...)

« Comment le président Emmanuel Macron a-t-il pu faire le choix d’affaiblir à ce point la position de la France en Europe et d’ignorer avec autant d’arrogance l’indispensable éthique qui doit guider nos institutions ? », s’est interrogé Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie-Les Verts (EELV), en référence à l’affaire d’emplois fictifs présumés dans le parti de Sylvie Goulard, le MoDem. (...)

Deux enquêtes en cours

Sylvie Goulard avait été désignée par Ursula von der Leyen pour un important portefeuille regroupant le marché intérieur, l’industrie, la défense, l’espace, le numérique et la culture. Elle est la troisième candidate recalée par les députés européens après le conservateur Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE) et la socialiste roumaine Rovana Plumb. (...)

Le Parlement européen devait décider si Sylvie Goulard avait toutes les compétences requises pour son portefeuille et si elle présentait toutes les garanties d’intégrité personnelle et d’indépendance. Les doutes exprimés sur son intégrité et son indépendance lui ont imposé de répondre à des question écrites après sa première audition, le 2 octobre. Elles ont été jugées insuffisantes et l’ont obligée à se soumettre à l’épreuve d’une seconde audition.

Deux enquêtes sont en effet en cours, l’une par la justice française, l’autre par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), sur sa participation à un système d’emploi fictif présumé pour le MoDem, en rémunérant un assistant parlementaire en France avec les fonds européens accordés aux députés par le Parlement européen. « Mme Goulard doit expliquer pourquoi une enquête qui l’a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l’empêcherait pas de devenir commissaire européen », avait expliqué le chef d’un groupe politique avant l’audition. (...)

Des interrogations ont également été émises sur les activités ayant justifié d’importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l’Institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu’elle était députée européenne. L’OLAF a confirmé enquêter sur d’« éventuelles irrégularités concernant les activités que Mme Goulard a menées pour l’Institut Berggruen alors qu’elle était députée européenne ».

Sylvie Goulard a rappelé jeudi qu’elle n’avait pas été mise en examen et a invoqué la présomption d’innocence pour refuser de retirer sa candidature. Elle a insisté sur la confiance que lui avait accordée Ursula von der Leyen et a déclaré que si elle venait à être mise en examen, elle démissionnerait dès lors que Mme Von der Leyen l’exigerait.