Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
La colonisation du monde par les fleurs, une histoire mystérieuse
L’histoire secrète des plantes, de François Parcy, illustrations d’Elliott Parcy, éditions HumenSciences, mai 2019, 240 p., 17 €.
Article mis en ligne le 20 octobre 2019

Il y a 150 millions d’années, les plantes à fleurs firent leur apparition à la surface du globe. Elles représentent aujourd’hui plus de 90 % de la végétation. Longtemps mystérieuse, l’histoire de leur apparition est de mieux en mieux connue, comme le raconte François Parcy dans « L’histoire secrète des plantes ».

Dans une lettre à l’un de ses collègues, vers la fin du XIXe siècle, le père de l’évolution, Charles Darwin, écrivait avec dépit qu’il butait sur un « abominable mystère » : il ne parvenait pas à comprendre l’apparition des plantes à fleur à la surface de la terre.

Il y a 150 millions d’années, voire davantage, alors que la végétation terrestre était exclusivement composée de conifères, de ginkgos et probablement de milliers d’autres espèces aujourd’hui disparues (la famille des gymnospermes), ont surgit les angiospermes, autrement dit les plantes à fleurs. En très peu de temps à l’échelle biologique, celles-ci ont colonisé la surface du globe et éclipsé les séquoias et autres conifères jusqu’à représenter aujourd’hui plus de 90 % de la végétation et des centaines de milliers d’espèces différentes. Comment se sont-elles formées ? Quel est le lien entre les plantes à fleurs et les premiers arrivés, les gymnospermes ? Comment est-on passé de l’un à l’autre ? Ni l’examen des fossiles ni l’étude des plantes vivantes n’apportaient un début de réponse à Charles Darwin et à ses successeurs. Les botanistes piétinaient.

Un peu plus d’un siècle plus tard, en grande partie grâce à la génétique et à la biologie moléculaire, on y voit plus clair et c’est tout l’intérêt du livre de François Parcy, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de raconter sans pédantisme la saga des plantes à fleurs. (...)

Avec les angiospermes, c’est une toute autre histoire. Plus de cônes et plus de vent ! Les organes reproducteurs sont réunis, enfermés dans une fleur, et l’ovule est protégé, car inséré dans une enveloppe. Autre différence de taille, la pollinisation ne repose plus sur le vent mais pour l’essentiel sur les insectes (au premier rang desquels les abeilles) attirés au cœur de la fleur par des stratégies parfois très sophistiquées qui font appel à l’odeur ou à la vue.

Pourquoi les fleurs sont-elles apparues ? François Parcy écarte l’hypothèse divine et balaie les explications utilitaristes. « La fleur n’existe pas pour nourrir les insectes, pour embellir le monde ou pour aider les plantes à se reproduire », écrit-il. Elles existent « parce qu’elles existent. Tout simplement. Elles existent car elles sont apparues au cours de l’évolution et qu’elles ont conféré un tel avantage aux plantes qui les possédaient qu’elles sont restées, que les plantes à fleurs ont proliféré, se sont diversifiées et ont conquis la planète ». Affaire de temps autant que de hasard donc. (...)

au terme d’un travail de fourmi, des chercheurs ont réussi à remonter à la plante des origines, celle que l’on ne verra jamais. Telle qu’on la représente aujourd’hui (avec des couleurs totalement arbitraires), elle n’est pas sans rappeler la fleur de magnolia mais avec une disposition des organes floraux qui « n’existe chez aucune fleur fossile ou vivante, même si chacun des caractères individuels peut être retrouvé chez des fleurs connues », écrit l’auteur. (...)

Pour ajouter au mystère, fait observer Parcy, la séparation entre gymnospermes et angiospermes n’a pas été brutale. Elle s’est étalée sur plus d’une centaine de millions d’années. « C’est un long tunnel évolutif » sur lequel nous ne savons rien ou presque, sinon qu’il a débouché sur l’apparition de la première fleur. (...)

les chercheurs n’ont toujours pas identifié la plante gymnosperme qui préfigure l’ancêtre de la première plante à fleurs. L’enquête progresse mais « l’abominable mystère » subsiste.