
Loin d’être froidement éliminées par la sélection naturelle, les bactéries les plus faibles, coexistant au sein d’une communauté de plusieurs espèces, se voient aidées par les plus résistantes afin qu’elles développent de nouvelles compétences. Une interaction complexe mais qui pourrait avoir des débouchés très importants dans les biotechnologies.
Dans la théorie de l’évolution édictée par Charles Darwin, la sélection naturelle favorise les individus ayant les caractéristiques les mieux adaptées à leur environnement ; chaque individu est donc en compétition avec les autres, les plus faibles étant éliminés sans pitié. Évidemment, ce principe n’est plus applicable à l’Homme, qui a trouvé le moyen de guérir des maladies graves et de protéger les personnes fragiles qui, autrefois, seraient mortes (et donc leurs gènes avec). Des chercheurs de l’université de Copenhague (Danemark) montrent aujourd’hui que les bactéries aussi dérogent à cette théorie implacable mais pas à la théorie de l’évolution sous sa forme modernisée.
Le mode « collaboratif » plus efficace que mode « compétitif » (...)
Les bactéries se répartissent aussi les tâches les plus difficiles en les partageant avec leurs voisines selon leurs compétences. « Henri Ford pensait avoir trouvé une idée révolutionnaire avec la spécialisation des travailleurs sur une chaîne d’assemblage, mais les bactéries avaient trouvé l’astuce depuis des millions d’années », plaisante Johannes Sørensen. Selon le chercheur, cette collaboration permet à des bactéries d’exprimer des propriétés qu’elles n’auraient pas pu développer seules. « Quand les bactéries sont ensemble, de nouvelles compétences peuvent ainsi émerger », explique-t-il, ce qui favorise la communauté toute entière.
Comment les bactéries communiquent entre elles (...)
Il a notamment été montré que les microbes communiquent par le biais de molécules chimiques, un phénomène, appelé quorum sensing. (...)
Ce qui pourrait ressembler à un débat purement scientifique a pourtant des implications bien concrètes. « Aujourd’hui, la grande majorité des biotech se concentrent sur l’étude d’une bactérie spécifique, rapporte Johannes Sørensen. Dans la nature, au contraire, les bactéries vivent en communautés de plusieurs espèces et c’est beaucoup plus efficace ». Une piste prometteuse pour doper les traitements ou inventer de nouveaux matériaux.