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La construction en terre, une technique performante et écologique entravée par les lobbies du ciment
Article mis en ligne le 1er novembre 2016
dernière modification le 28 octobre 2016

En Isère, le Domaine de la terre est un quartier d’habitat social unique en France. Les 70 logements y sont tous construits en terre crue, une ressource naturelle et locale, 100% recyclable et non polluante. Trente ans après avoir été bâti, ce quartier apporte la preuve qu’il est possible d’édifier à moindre coût une architecture de terre avec une faible consommation énergétique et un vrai confort thermique

Pourtant, l’opération n’a jamais été réitérée en France. Pression des lobbies cimentiers, absence de suivi des pouvoirs publics, réglementation... En dépit de ces freins, la filière terre connait un renouveau. Reportage et enquête sur une solution d’avenir. (...)

Confort thermique et faible consommation énergétique

Pisé, bauge, torchis... plusieurs techniques de construction en terre ont été utilisées sur le quartier, après un appel lancé aux architectes de toute la France [2]. Ces différentes techniques sont combinées dans la tour de 15 mètres de hauteur qui surplombe le Domaine. À ses pieds, plusieurs façades arborent des briques de terre comprimée, qui assurent une isolation phonique et acoustique. Au quotidien, les locataires apprécient la fraicheur de leur maison en été, et son confort en hiver. « La terre est un matériau qui restitue la chaleur de manière différée : s’il fait chaud dehors, la chaleur sera restituée douze heures plus tard ; au contraire, la fraicheur reste en journée », détaille l’architecte Anne-Lyse Antoine, spécialiste de la terre crue. La terre régule aussi l’humidité à l’intérieur d’un bâtiment. (...)

Le quartier relève aussi d’une expérimentation bioclimatique. Dans les maisons, les celliers et sas d’entrés sont orientés côté nord afin de constituer des « espaces tampons » et de protéger du froid. A l’inverse, de grandes serres rythment la façade sud d’un bâtiment afin de capter et distribuer la chaleur du soleil sur deux niveaux. L’implantation du bâti, son orientation, le choix des matériaux, tout a été soigneusement pensé. Dix ans après la construction, en 1997, une étude thermique a montré que les bâtiments du Domaine de la Terre consommaient entre 10 et 40 fois moins d’énergie que les autres bâtiments de la commune [3] !

Des logements écolos pour tous (...)

« La terre crue, c’est le matériau anticapitaliste par excellence. On ne peut pas la vendre puisqu’elle est là sous vos pieds, dans votre lopin. Elle n’intéresse aucune banque (...) ni aucun groupe industriel puisqu’elle ne peut être source de profit » (...)

les mentalités changent et la construction terre connait un renouveau [7]. A défaut d’avoir entrainé un décollage de la filière en France, le Domaine de la Terre a joué un rôle important dans d’autres pays en Europe comme l’Allemagne, et engendré la réalisation de projets en Afrique. Alain Leclerc reste optimiste : « Ce qui a tué l’architecture en terre au lendemain de la guerre, c’est que l’État a massivement subventionné l’acier pour faire du béton armé, et l’énergie des cimenteries. On a pu construire en hauteur en béton armé parce qu’on n’en payait pas le vrai prix. Mais la nécessité de vivre au niveau de nos moyens va faire loi. »