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Le Monde
La contamination des rivières par les pesticides s’est durablement généralisée
Article mis en ligne le 9 octobre 2014
dernière modification le 2 octobre 2014

Ça ne s’arrange pas sur le front des pesticides. La contamination des cours d’eau et des nappes souterraines s’est généralisée en France. L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC) a le courage de le dire : elle en a recensé 150 produits différents dans les près de 3 000 cours d’eau du Sud-Est de la France – majoritairement des herbicides –, soit à peu près autant tous les ans depuis 2008.

« Non seulement leur nombre reste stable, mais les concentrations ne faiblissent pas non plus, souligne Martin Guespereau, directeur général de cet établissement public. Leurs taux atteignent parfois jusqu’à 200 fois la norme de l’eau potable. Je veux insister sur ce constat inquiétant. »
L’agence de l’eau RMC couvre 25 % du territoire français et 13 000 km de cours d’eau, elle représente 14 millions d’habitants, 20 % de l’activité agricole et industrielle nationale, ce qui la rend relativement représentative du territoire français. Or son constat est irréfutable : alors que la pollution venue des agglomérations diminue grâce à l’amélioration des stations d’épuration, le chantier des pesticides en revanche est en panne : 15 millions d’analyses réalisées régulièrement pendant ces six dernières années le montrent.

36 PESTICIDES INTERDITS

Mais il y a pire : dans un quart des analyses, on retrouve des substances prohibées, pour certaines depuis dix ans. (...)

Le sous-sol n’échappe pas à la contamination. Ces six dernières années, les pesticides ont rendu 58 nappes souterraines impropres à la fourniture d’eau potable. Principal accusé cette fois : l’atrazine pourtant interdite depuis 2003.

Or rappelle Martin Guespereau : « Les herbicides continuent leur vie dans les cours d’eau, où ils ont un effet dévastateur sur les petits invertébrés et la flore aquatique. Ils sont donc dévastateurs pour les fonds de rivière qui ne peuvent plus remplir leur rôle de filtre vis-à-vis de la pollution. Ces phytosanitaires peuvent en outre générer des proliférations de bactéries toxiques, » alerte-t-il.

DÉSÉQUILIBRES BIOLOGIQUES

Les pesticides sont les principaux responsables du déclassement des cours d’eau dans ce vaste secteur du Sud-Est, juste avant l’altération physique des cours d’eau (...)

Comme il serait dommage de ne pas saluer les efforts accomplis, au risque de décourager tous les acteurs, l’agence RMC lance un label « Rivière en bon état » que les élus locaux ne manqueront pas d’installer au bord de leurs routes à partir du printemps 2015. Si la qualité de leurs rus et torrents le mérite et maintient au moins trois années consécutives.