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La coopérative Andines milite pour une économie équitable et solidaire
Article mis en ligne le 1er décembre 2017
dernière modification le 30 novembre 2017

Depuis 1987, la coopérative Andines, inventrice du « commerce équitable », met en avant la qualité des termes de l’échange plutôt que la quantité des produits échangés. Sa démarche est une alternative au commerce ultralibéral.

C’est en août 1987 qu’est née Andines. Michel Besson, qui vivait à l’époque en Colombie, dans une communauté indienne, était sollicité par ses artisans qui souhaitaient mettre sur pied une coopération économique entre la France et la Colombie. La création d’une structure juridique s’est avérée indispensable au sein des deux pays. Ont ainsi été créés Inter Express en Colombie et Andines (en référence aux Andes) en France.

Michel Besson ignorait tout du commerce et de sa réglementation. Il a découvert sur le tas ce qu’est un taux de TVA, une marge, un compte d’exploitation… En outre, il fallait coller une étiquette sur cette activité coopérative, lui donner un nom. La lecture de l’Éthique à Nicomaque, d’Aristote, lui a donné l’idée d’un commerce équitable. L’expression française « commerce équitable » est devenue une marque déposée un peu plus tard par Andines à l’Institut national de la propriété industrielle. (...)

Le terme « commerce équitable » a rencontré le succès et d’autres acteurs en ont fait usage. Mais selon une conception tiers-mondiste et caritative, contre laquelle Michel Besson s’insurge : « Mélanger charité et business n’est pas seulement condamnable moralement, c’est invivable à plus ou moins long terme. D’ailleurs, nos partenaires sud-américains et africains se sont montrés scandalisés par cette charité ! »
Andines, associée à Solidarmonde et à l’Association de solidarité avec les peuples d’Amérique latine (Aspal), a fondé, en 1999, la Plateforme française du commerce équitable (PFCE) à laquelle ont voulu adhérer le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), la fédération Artisans du monde et l’entreprise Max Havelaar France. Très vite des divergences sont apparues et Andines a quitté la PFCE en 2001. « Les trois derniers acteurs, regrette Véronique Lacomme, refusaient d’appliquer la notion de commerce équitable à toutes les transactions, quels que soient les pays d’origine et de destination, et ont imposé sa limitation aux seules transactions des pays développés du Nord avec les petits producteurs du Sud en excluant toute relation équitable avec des producteurs français. De plus, vouloir créer des emplois en France était absolument hors du champ de l’équité, ce qui, en revanche, à nos yeux a toujours été important. » En 2007, l’expression « commerce équitable » stricto sensu a été abandonnée par Andines, qui a alors inscrit sur les emballages d’autres appellations : « Échanger autrement », « Pour une économie équitable et solidaire ». (...)

Andines rejoint les préoccupations de l’association Via Campésina et de la Confédération paysanne.
Véronique Lacomme et Michel Besson n’ont jamais souhaité monopoliser les productions réalisées par leurs fournisseurs, artisans et paysans sud-américains ou africains. Au maximum, 25 % de celles-ci sont orientées vers la coopérative française. « Aucun des acteurs ne doit être dépendant de l’autre. Il faut préserver la souveraineté alimentaire des pays et la forme d’échanges que nous défendons ne doit pas revêtir l’habit du néocolonialisme », explique Michel Besson. (...)

Les magasins indépendants, ceux qui sont attachés au label Bio, les Amap, les groupements d’achats, les comités d’entreprise sont les clients d’Andines, dont aucun des produits ne rejoint les rayons des supermarchés. (...)

Pourtant les problèmes financiers sont récurrents, au point de rendre parfois problématique le prépaiement promis aux producteurs. La coopérative n’a jamais pu recourir aux prêts bancaires, seule la Nef (Nouvelle Économie fraternelle) leur a accordé quelques crédits. Fort heureusement, l’association les Amis d’Andines a vu le jour en 2000. Près de 200 personnes, « des amis, y compris des chômeurs », leur apportent un soutien précieux sous forme de prêts ou de dons. (...)

Plus que jamais la démarche d’Andines se présente comme une alternative au commerce ultralibéral. Elle se déploie, selon les vœux des fondateurs et de leurs successeurs, dans le respect des êtres humains et de leur environnement. « Andines, souligne encore Michel Besson, est l’entreprise de tous les partenaires. »