
Genève, le 2 juin 2015 - L’Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, M. Juan Pablo Bohoslavsky, incite les institutions européennes, le Fonds monétaire international et la Grèce à faire preuve de courage et à parvenir à un accord qui respecte les droits humains. Dans cette déclaration, M. Bohoslavsky souligne que les droits humains ne devraient pas s’arrêter pas à la porte des organisations internationales et des institutions financières internationales.
(...) Les obligations de remboursement de dettes ne sont pas seulement en jeu, mais également les fondations mêmes sur lesquelles l’Union européenne s’est bâtie : une union de nations qui respecte les droits humains, la dignité humaine, l’égalité et la solidarité, qui sont en son cœur même.
Les douloureuses conditionnalités du programme d’ajustement grec se sont concrétisées par de sévères coupes dans les budgets sociaux, de la santé et de l’éducation, soulevant un certain nombre d’inquiétudes quant à la capacité du gouvernement grec d’assurer la réalisation des droits économiques et sociaux basiques. Jusqu’à présent, les politiques de réforme et d’austérité appliquées depuis 2010 n’ont pas été à même de redresser la Grèce. Elles ont, au contraire, aggravé la crise sociale en Grèce et n’ont clairement pas stimulé l’économie nationale pour que cela profite au peuple grec.
Le chômage touche toujours 25% de la population, affectant de manière disproportionnée les femmes et les jeunes en quête de travail. D’après les dernières statistiques disponibles, un jeune adulte sur deux est sans emploi. Le nombre de personnes risquant de sombrer dans la pauvreté et dans l’exclusion sociale a augmenté à 35,7%, le plus haut pourcentage dans l’Eurozone. En substance, nombre de problèmes relatifs aux droits humains identifiés par mon prédécesseur, lors de sa visite en Grèce il y a deux ans, sont toujours d’actualité, ou ont même empiré.
Je salue la création par le Parlement grec d’une commission d’audit de la dette. Il est nécessaire de faire la lumière sur ceux qui ont été les bénéficiaires de ces prêts et emprunts imprudents et des renflouements, et dans quelles mesures, et par ailleurs sur qui est responsable de la situation financière actuelle. (...)