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La crise sanitaire est l’occasion de réfléchir à la décroissance choisie
Article mis en ligne le 2 avril 2020

La pandémie de Covid-19 a mis l’économie mondiale à l’arrêt. Mais, subie et brutale, cette récession fait peser de lourdes menaces d’un point de vue social, démocratique et humain.

Pour les auteurs de cette tribune, la situation ne ressemble en aucun cas à la société de décroissance qu’ils appellent de leurs vœux.Le coronavirus a poussé la quasi-totalité de l’humanité à se confiner. En toute logique, les conséquences pour l’environnement s’avèrent des plus salvatrices avec entre autres, baisses des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique. Le PIB ralentit, la planète s’en porte mieux. Les décroissants en ont rêvé, le coronavirus l’a fait ? (...

Nous ne contrôlons pas la nature, nous en faisons partie. De même, nous faisons face à des limites techniques et énergétiques. Quand les frontières se ferment ou comme pour bientôt, quand le pétrole se met à manquer, c’est toute la chaîne industrielle qui s’effondre. Enfin, on réapprend l’humilité et le bon sens sur le besoin de services publics, de relocalisation et de solidarités informelles. (...)

La politique doit reprendre le pouvoir sur une économie qu’il faut remettre au service de la société 

La décroissance que nous prônons est un peu ce que certains, libérés du travail, vivent ces jours-ci mais sans le confinement et avec de la convivialité, des solidarités, et en revenant à l’essentiel. (...)

La période actuelle nous enseigne qu’il est possible de ralentir, et que c’est même souhaitable, à condition d’adapter notre modèle économique à ce type de vie. Elle nous recentre également sur des essentiels : l’accès à l’alimentation, à la santé apparaissent ainsi comme les deux besoins les plus vitaux. Elle questionne l’utilité même de certaines activités. (...)

Le coronavirus, prémices d’un effondrement annoncé et en cours, peut, avec la contrainte, nous offrir un espace pour des pas de côté. Mais la partie est loin d’être gagnée, tant la religion de la croissance reste présente et l’histoire nous montre que le retour à la « normale » est le plus souvent la norme.

Pédagogie des catastrophes ou stratégie du choc, à nous de nous emparer de cette occasion, en restant bien confinés, mais solidaires. Le coronavirus, prémices d’un effondrement annoncé et en cours, peut, avec la contrainte, nous offrir un espace pour des pas de côté. Mais la partie est loin d’être gagnée, tant la religion de la croissance reste présente et l’histoire nous montre que le retour à la « normale » est le plus souvent la norme.

(...)

Le coronavirus est un révélateur mais aussi un accélérateur des inégalités : isolement des plus vulnérables, exploitation des plus précaires, contamination des plus exposés… Dans ces conditions exceptionnelles, c’est une fois de plus le monde du travail qui impose sa marche à suivre, et génère encore plus d’inégalités. De plus, la tentation autoritaire est de retour (...)

Pour la décroissance, le coronavirus n’est en aucun cas une réjouissance, bien au contraire : cette situation est un échec de plus qui nous démontre que seuls un choc et une sidération permettent de susciter du débat, des prises de conscience, et, espérons-le, des changements pérennes dans nos comportements et une transformation en profondeur de notre modèle de société mortifère.