Le mot qui ne sort pas de l’esprit de ceux qui aiment cogiter sur des problèmes économiques est ‘croissance’. Celle-ci est devenue extrêmement problématique au cours de ces dernières années, notamment à mesure que la population mondiale s’élargit et que l’écologie s’en trouve affectée.
(...) Le pétrole a permis de faire fonctionner des machines agricoles, mais aussi à la création d’herbicides, de fertilisants et d’insecticides à base de pétrole et de gaz (un dérivé du pétrole), et au transport de marchandises sur de longues distances… C’est lui qui a permis au nombre d’humains sur Terre de passer de 2 milliards dans les années 1900 à plus de 7 milliards aujourd’hui.
Alors que le pic pétrolier est derrière nous, nous nous trouvons aujourd’hui dans la troisième phase de ce mélodrame. (...)
Malgré la propagande qui s’empare des médias, nous sommes désormais face au point problématique de toute cette histoire : la fin du pétrole peu cher. Le public ne le comprend pas encore, et il faut croire que ce soit également le cas des spécialistes de la politique, des entreprises et des médias. Personne ne comprend ce qui se passe parce que tout le monde continue de croire que le pic pétrolier fait référence au moment où il n’y aura plus de pétrole du tout. Mais ce n’est pas vrai. Tout n’est question que de la capacité économique d’extraire du pétrole des entrailles de la Terre – à un prix que nous puissions supporter en termes de capital et d’énergie investis (mais aussi de destruction écologique). Cette dynamique exerce désormais une influence très importante sur la civilisation moderne. Nous nous efforçons de l’ignorer – même parmi les intellectuels – parce que nous ne savons pas comment gérer nos complexes opérations de la vie de tous les jours sans lui, et parce que les manifestations de cette dynamique se présentent en premier lieu dans la sphère financière, dominée par des vizirs économiques et des opportunistes qui bénéficient d’une dissimulation de réalité.
Ce qu’il y a de plus triste est que le pétrole est désormais trop cher pour permettre à l’économie et à la population de continuer de s’étendre. (...)
Il est clair que le système bancaire a beaucoup souffert du passage du prix du pétrole de 11 dollars le baril en 1999 à 140 en 2008. Depuis 2010, il varie entre 75 et 110 dollars le baril. Ces effets sont pour la plupart les résultats des tentatives de compenser l’échec de créer de la richesse réelle par la génération de richesse factice (...)
Une autre conséquence de ces désordres de capital est le mauvais investissement dirigé vers des produits sans avenir, ou pire encore, des produits qui mettent en danger le futur de ce qui nous est nécessaire pour supporter la vie civilisée (...)