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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
La descente aux enfers du Burundi
Article mis en ligne le 7 octobre 2015

 Il n’est pas rare de voir des cadavres à Bujumbura ces jours-ci. Il y en a dans les rues, dans les canaux de drainage, dans les buissons et dans les rivières.

Les Nations Unies ont enregistré 134 meurtres depuis le mois d’avril, quand le président Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il se présentait à sa réélection. Les Burundais sont descendus dans la rue pour manifester contre cette candidature jugée inconstitutionnelle, car M. Nkurunziza avait déjà effectué deux mandats.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment se fait-il que nous glissions à nouveau vers l’enfer ? Faisons le point sur les événements majeurs de ces dernières semaines pour comprendre l’ampleur de la crise.

1er août
Des représentants des partis politiques de l’opposition et de la société civile se rencontrent à Addis-Abeba et créent un Conseil National pour le Respect de l’accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et la Restauration de l’Etat de droit (CNARED). (Signé en août 2000, l’accord d’Arusha n’est pas acte juridiquement contraignant, mais il a posé les jalons d’une sortie de la guerre civile qui avait éclaté en 1993 et a défini le système de gouvernance du Burundi. La limitation à deux mandats était une disposition-clé de l’accord.). La raison d’être du CNARED est de chasser M. Nkurunziza du pouvoir. Selon ses membres, les seuls points de négociations sont les conditions de son départ.

Au même moment, le parti au pouvoir annonce que le dialogue national doit reprendre rapidement. Les membres du CNARED pourront y participer, mais ils ne pourront pas parler au nom de l’organisation. Malgré les discours de réconciliation, les meurtres continuent. (...)

Il est difficile de trouver de l’espoir dans une telle situation. Je crains aussi que le conflit ne s’étende au-delà des frontières du Burundi. Environ 200 000 réfugiés burundais vivent en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et en Ouganda, des pays qui s’efforcent de faire face aux conséquences de leurs propres guerres passées et qui connaissent des différends en matière de mandat présidentiel. Que se passera-t-il dans ces camps de réfugiés si une guerre éclate ici ? Le Burundi a déjà accusé le Rwanda d’entraîner des rebelles pour déstabiliser le pays.

Aujourd’hui, il semble que nous régressions dans différents domaines : unité nationale, sécurité et économie. Et le Burundi est relégué au second plan sur la scène internationale, car l’attention se porte sur la Syrie, l’Afghanistan et la crise des réfugiés. Le dialogue national proposé ne sera efficace que si les acteurs extérieurs augmentent la pression sur les principales parties prenantes.

Les meurtres commis récemment par des officiers de police aux Etats-Unis ont donné naissance au slogan « Black lives matter » [la vie des Noirs compte], qui se réfère au Afro-Américains. Je souhaite adresser un message au monde : « la vie des Burundais compte aussi ».