
Depuis février 2019, les experts européens de la détection et de la traçabilité des OGM ont initié une mise à jour de leur travail. Qu’il s’agisse des OGM obtenus par de nouvelles techniques de modification génétique, des animaux génétiquement modifiés ou des micro-organismes, tous sont au programme pour les mois à venir. Un travail indispensable qui a néanmoins tardé à venir, notamment du fait d’une opposition de la Commission européenne en 2017.
Tout OGM commercialisé ou en passe de l’être dans l’Union européenne doit être détectable, distinguable de tout autre organisme GM ou non GM et donc traçable. Pour les nouveaux OGM, certains acteurs estiment cette tâche impossible car les nouveaux OGM n’auraient aucune différence avec ce que la nature et les techniques « traditionnelles » de sélection peuvent faire. Mais, comme l’ont rappelé des organisations de la société civile aux États membres [1], une telle traçabilité est au contraire possible. À condition qu’une décision politique européenne de financer un travail de mise en place de protocoles réglementaires soit prise. Jusqu’à aujourd’hui, une telle décision n’existe pas. Mais les experts européens ont tout de même décidé d’avancer, parfois à la demande de la Commission (...)
Un nouveau mandat sur les animaux GM
Outre un travail sur les micro-organismes génétiquement modifiés (voir encadré ci-dessous), l’ENGL a également discuté en février 2019 d’une demande de rapport « sur la détection des aliments » issus d’animaux génétiquement modifiés, demande portée par la Commission européenne. Selon le compte-rendu de cette réunion [6], la réaction apparaît pour le moins étonnante. Les experts présents ont estimé « pertinent de se pencher sur ce sujet » tout en « reconnaissant leur manque d’expertise » dans le domaine des animaux GM. Une lacune qui pourrait être comblée en allant chercher « des experts extérieurs à l’ENGL ». Ce manque d’expertise n’est pas la seule difficulté soulignée pour ce rapport. Les participants à la réunion ont également souligné que le délai qui leur était imparti pour rendre ce rapport – non précisé dans le compte-rendu – rendait difficile l’étape de « collecte d’informations ».
L’Union européenne respecte-t-elle sa propre législation ?
Aussi bien le mandat sur la détection des animaux GM reçu de la Commission européenne que son acceptation en février 2019 par l’ENGL soulèvent une question. Depuis 2001 et l’adoption de la législation européenne sur les OGM, rien n’aurait donc été fait pour tracer les produits issus d’animaux génétiquement modifiés ? Pourtant, avec un cas comme le saumon transgénique d’AquaBounty, la possibilité d’avoir illégalement des produits issus d’animaux GM ne date pas d’hier. (...)
À ce jour, l’Union européenne n’a donc pas mis en place les protocoles réglementaires permettant de tracer sur son territoire tous les OGM. Il manque à l’appel les protocoles réglementaires pour les produits issus d’animaux génétiquement modifiés ainsi que pour les OGM obtenus par les nouvelles techniques de modification génétique, qu’elles soient de mutagénèse ou autre. (...)