
Le cas de la dette grecque est intéressant à plus d’un titre. On qualifie souvent, et à juste titre, la Grèce comme un laboratoire du néolibéralisme, d’un terrain expérimental destiné à être généralisé.
Ce n’est pas le premier.
Depuis le début des années 1970, le capitalisme connaît une crise structurelle profonde. Le Chili en 1973 a été le premier terrain expérimental des thèses de l’école de Chicago, thèses de Hayek et Friedman. Il a permis, avec l’avènement de Thatcher et de Reagan au début des années 1980, la généralisation de la financiarisation de l’économie au détriment de l’économie réelle, de la mondialisation et des politiques régressives envers les populations (plan d’austérité).
Il ne faut jamais oublier la crise de la dette des pays du Sud en 1982 où les taux d’intérêts des créanciers ont été multiplié par 4, rendant impossible le paiement du service de la dette pour de nombreux pays africains et latino américain. Le FMI était alors intervenu avec des taux plus bas mais assortis de conditionnalités qu’on a appelé plans d’ajustement structurels (PAS) ou « consensus de Washington ».Les plans d’austérité, qui s’appliquent aujourd’hui partout en Europe et avec la plus grande violence en Grèce depuis 2010, sont la copie conforme des ces PAS.
Ne rencontrant pas d’opposition politique forte ( les socio-démocrates ayant intégré ces préceptes), ni sociale suffisante (on se souvient de la brutalité de Thatcher envers les mineurs et les dockers et de celle de Reagan envers les aiguilleurs du ciel dès le début de leurs mandats).
Mais revenons à la dette grecque, à ses causes et à son évolution. Je terminerai avec des propositions face à la situation nouvelle créée par l’accession de Syriza au pouvoir le 25 janvier dernier. (...)
Je voudrai conclure en disant que le poids du service de la dette ( capital arrivant à échéance et intérêts) est un verrou à faire sauter pour réaliser un programme au service de la population ( les 99%).
Je reviendrai si vous le souhaitez sur ces notions de dettes illégitimes, odieuses et illégales et sur les conséquences éventuelles pour les besoins de financement de l’État grec. Pour mémoire, depuis la libération, il y a eu 147 défauts partiels ou total des dettes publiques selon Rogoff et Reinhart, 2 économistes du FMI, dans un livre référence : « cette fois, c’est différent, 8 siècles de folie financière ».
Même l’Équateur qui a réussi, suite à un audit intégral de sa dette en 2007 2008, à réduire celle-ci de 7,5 Mds $, a pu à nouveau emprunter auprès de marchés financiers dès 2011.
Mais la question centrale que soulève la situation nouvelle en Grèce est la question de la nature de l’Union Européenne et de la BCE.
C’est un espoir fantastique pour tous les peuples européens, mais qui dépend aussi de nous, de notre capacité à mobiliser en soutien au peuple grec pour travailler enfin à la fin des plans d’austérité et à la construction d’une nouvelle Europe, celle des peuples.
Je profite de l’occasion pour vous appeler à manifester le 14 mars prochain devant la Banque de France à Paris comme dans toutes les autres villes de France. Le 18 mars aura lieu une mobilisation « Occupy BCE » à Frankfort, devant le nouveau siège de la BCE (coût estimé= 1,5 Mds €).
Le CAC, qui est soutenu par toutes les organisations politiques de gauche et entre autres par le PG , est composée d’associations comme ATTAC, AITEC, le CADTM et des syndicats CGT, FSU et Solidaires, appelle à ces mobilisations.
De la réussite de notre soutien au peuple grec dépend aussi l’avenir de la véritable gauche française et surtout de l’arrêt des plans d’austérité. C’est pourquoi, il y a urgence à mettre fin à la dictature de la dette et des marchés financiers.
Le meilleur service que nous puissions rendre aux grecs est de nous mobiliser contre les plans d’austérité en France, en lien avec les autres peuples en lutte en Europe. C’est à nous qu’il revient de construire cette Europe des luttes. Celle-ci nous permettra de construire l’Europe dont nous avons besoin et qui tourne résolument le dos à celle de la finance et du recul social.