
Pourquoi certains préfèrent le smartphone à leurs propres pensées dans les moments de creux ?
La solitude offre de nombreux avantages. Elle permet d’agir et de penser en toute liberté, stimule la créativité et l’imagination. Elle enrichit également nos relations aux autres, en favorisant l’intimité et le sentiment d’empathie.
Évidemment, la solitude n’est pas toujours vécue de façon positive. Pour certains, elle peut même mener à un sentiment d’isolation douloureux. Mais, de même que nous pouvons veiller au quotidien à ce que nous ingurgitons, il peut être bénéfique de prendre conscience de la quantité et de la qualité de solitude que nous expérimentons au jour le jour. (...)
En psychologie sociale, la solitude se définit traditionnellement comme le fait d’être physiquement seul, ou éventuellement entouré physiquement d’autres personnes avec lesquelles nous n’interagissons pas. Mais les temps changent, de même que les possibilités et les modalités d’« être avec » les autres.
« Si un arbre tombe dans la forêt et que personne ne l’entend, est-ce que sa chute fait du bruit quand même ? » dit une vieille question philosophique. Après avoir exploré le thème de la solitude dans le cadre de mes recherches, j’ai élaboré une nouvelle version de la question : « Si un individu se retrouve seul dans la forêt tandis un arbre tombe, mais qu’il ne s’en rend pas compte parce qu’il est en train d’envoyer un texto, peut-on encore parler de solitude ? » (...)
Que signifie être seul ?
Avec le smartphone et les médias sociaux, nous transportons en permanence nos réseaux dans nos poches, et ces nouvelles possibilités de contacts perpétuels empêchent non seulement d’expérimenter la solitude, mais aussi de l’étudier. Tous nos concepts pour penser et mesurer la solitude sont dépassés : il nous manque les outils scientifiques indispensables à son exploration.
Si nous ne tenons pas compte de la façon dont nos contemporains se connectent entre eux à l’ère numérique, impossible de découvrir la quantité de solitude dont disposent les gens, de comprendre comment ils en souffrent ou comment ils l’apprécient, ou encore quel type de solitude ils expérimentent. (...)
Si nous nous ruons sans réfléchir sur nos gadgets technologiques dans les moments les plus merveilleux de nos vies, pas étonnant que nous faisions de même quand nous nous retrouvons seuls, d’autant que cette tendance est accentuée par la pression sociale, qui nous incite à être toujours joignables. Je ne dis pas que nous devrions tous ménager plus de place à la solitude. Mais, maintenant que la solitude intempestive a complètement disparu, ce serait peut-être une bonne idée, pour certains d’entre nous, de dédier volontairement quelques espaces, quelques moments et quelques activités à une solitude véritable.