
Il y a vingt-cinq ans, un livre intitulé La Fabrique du consentement, coécrit par Noam Chomsky et Edward S. Herman, renouvela l’analyse des médias et mit en lumière ce qu’ils appelèrent le « modèle de propagande ».
(...) il y eut un débat car l’idée selon laquelle il existe un modèle structurel qui explique que les médias font ce qu’ils font en raison de facteurs structurels profonds et l’idée selon laquelle il allait être difficile d’agir sur eux allait à l’encontre de ce que beaucoup pensaient à gauche ; ils pensaient que l’on pouvait réformer les médias assez facilement en légiférant avec discernement, ce qui aboutirait à un système plus juste. Mais il y a un véritable modèle de propagande : La Fabrique du consentement montre qu’il y a des facteurs profondément enracinés à tout cela qui ne peuvent être modifiés par quelques réformes progressistes. (...)
Le modèle de propagande est un modèle structurel selon lequel les médias sont caractérisés par leur propriétaire – qui les possède –, et par le fait que leur source principale de financement est la publicité. Aux États-Unis, ces sources sont des gens puissants, à savoir des responsables du Pentagone, des chefs de grandes entreprises, etc. Ce qui compte aussi dans ce modèle, c’est que les retours négatifs – critiques en règle – sont aussi le fait des puissants. Enfin, autre élément de ce modèle : l’idéologie très américaine qui le sous-tend, à savoir l’anticommunisme et la foi dans un marché libre et non faussé, dogmes acceptés par tous et partout dans les médias dominants.
C’est donc cet ensemble de facteurs non négligeables qui constitue le modèle de propagande. Et ils sont toujours d’actualité. (...)