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non-fiction
La face sombre de la France depuis 1945
Article mis en ligne le 7 février 2019
dernière modification le 4 février 2019

Enquête sur la façon dont l’armée française a essayé de trouver une parade aux guerres de décolonisation et à leurs conséquences sur la politique étrangère de la France jusqu’à aujourd’hui.

Couverture bleu-blanc-rouge, image d’Emmanuel Macron sur son Command-Car de l’armée lors de la descente des Champs-Élysées à l’occasion de sa prise de pouvoir, telle est la première impression visuelle que laisse La septième arme, une autre histoire de la République. Scénarisé par le journaliste David Servenay et mis en image par Jake Raynal, cet ouvrage nous plonge tout de suite dans les arcanes les plus sombres du pouvoir républicain de l’après-guerre à nos jours.

Maniant parfaitement l’alternance de monochrome et de couleurs, selon les sujets et les lieux, Jake Raynal réalise des images précises et épurées sur des aspects méconnus et ô combien polémiques de l’histoire de France depuis 1945. Les conflits coloniaux (Indochine, Algérie, Afrique Noire avec les massacres oubliés au Cameroun), mais aussi le génocide rwandais, l’implication de l’armée française en Afghanistan et jusqu’à la menace terroriste actuelle, aucun aspect n’est oublié dans le scénario de David Servenay.

À l’heure de la fin de la polémique autour de Maurice Audin, ce militant communiste algérois arrêté et torturé par l’armée française lors de la Bataille d’Alger, La septième arme relate de façon très didactique ces aspects sombres de la République, ces rapports souvent troublés, avec une armée qui a parfois agi en dehors de tout cadre légal en se justifiant au nom de la liberté républicaine. Car c’est de cela dont il s’agit dans cette enquête dessinée : essayer de comprendre pourquoi et comment l’armée, censée protéger la population, a pris des mesures radicales dans plusieurs conflits, parfois illégales, au nom de la sauvegarde de la liberté. La bande dessinée s’attache désormais à traiter des sujets complexes voire polémiques, de façon sérieuse et documentée, à l’image de ce qui a été fait sur l’affaire Boulin.

La septième arme est une œuvre qui permet au lecteur de s’interroger des décisions prises par les militaires, en accord avec les hommes politiques au pouvoir, qui n’ont pas été du tout dans le sens des droits de l’Homme, notion dont la France se targue d’être le berceau depuis 1789 (...)

Les conséquences sur la politique étrangère de la France aujourd’hui

Comme le montrent parfaitement David Servenay et Jake Raynal à travers des textes brefs et précis, tout comme les dessins qui sont eux aussi d’une extrême justesse, La septième arme est utilisée par la suite dans de nombreux conflits contemporains, du Vietnam par les Américains à l’ex-Yougoslavie, mais aussi lors du génocide Rwandais (ce qui, au passage, démontre au lecteur la responsabilité des soldats français dans le déroulement de celui-ci). (...)

À travers cette œuvre de Servenay et Raynal, le lecteur est pris à témoin sur des aspects méconnus mais ô combien réels de la politique française depuis 1945. Il permet de mieux comprendre la face cachée du pouvoir républicain depuis la Libération. La septième arme est donc surtout un moyen pour tous de regarder notre passé national en face, loin de l’histoire officielle, pour mieux comprendre la réalité des événements dans tous ces conflits.

Lire aussi : HOMMAGE À JOSETTE AUDIN Josette Audin est décédée samedi 2 février à l’âge de 87 ans, après avoir mené pendant soixante-et-un ans un combat inlassable pour obtenir la vérité sur la mort de son mari, Maurice Audin, enlevé, torturé et assassiné à Alger en juin 1957 par des militaires français durant la guerre d’Algérie. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) salue la mémoire de cette grande militante de la justice et adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

Dès la publication du livre L’Affaire Audin de Pierre Vidal-Naquet en mai 1958, la LDH, avec son président Daniel Mayer, s’est engagée fortement, aux côtés du Comité Maurice-Audin, pour que la vérité soit reconnue sur sa disparition et aussi pour dénoncer la pratique de la torture par l’armée française en Algérie. Depuis, avec Josette Audin, elle n’a cessé de prendre des initiatives pour obtenir la fin d’un mensonge d’Etat qui prétendait que Maurice Audin s’était évadé. (...)