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La fin pitoyable d’une conférence sur le climat vampirisée par les multinationales
Article mis en ligne le 22 novembre 2013

Les ONG écologistes ont décidé de quitter la conférence des Nations unies sur le climat qui s’achève aujourd’hui à Varsovie. Elles n’ont plus rien à faire dans une enceinte envahie par les multinationales et où les pays les plus responsables du changement climatique refusent d’avancer d’un pouce.

Une BMW surpuissante est-elle le meilleur moyen de lutter contre le changement climatique ? C’est ce que laisse croire la firme - et l’ONU qui a accepté cette provocante turlupinade - en exhibant un de ses derniers modèles à l’entrée du lieu de la conférence sur le climat à Varsovie. Elle n’était d’ailleurs pas seule, puisque les firmes multinationales ont lourdement marqué leur présence durant la conférence : « Dès l’entrée, les logos sont partout : les distributeurs d’eau sont siglés Alstom, les fauteuils Emirates, le mobilier Ikea…Ce fut un vrai choc à notre arrivée ! », décrit sur Novethic Célia Gautier, du Réseau Action Climat. Et derrière l’affichage, les lobbies industriels, recensés par Corporate Europe Observatory, occupaient couloirs et sièges d’observateurs.

Le pays hôte, la Pologne, en a rajouté dans la provocation, accordant le statut de partenaire à douze entreprises, relève Basta !, tout en organisant un sommet sur le charbon au moment même de la conférence sur le climat et à cinq cent mètres de celle-ci.

Excédées et désolées, les ONG environnementales présentes ont décidé de ne plus participer à cette mascarade, quittant en masse la conférence jeudi 21 novembre. (...)

C’est que, pendant que les multinationales paradaient, les gouvernements avaient multiplié les signes d’abandon : le Canada, qui avait quitté le protocole de Kyoto, a salué la décision de l’Australie de n’envoyer qu’un fonctionnaire et non son ministre de l’Environnement à la conférence de Varsovie, tandis que le Japon annonçait qu’il augmenterait ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 !

Quant aux discussions elles-mêmes, elles n’ont pas avancé d’un pouce, notamment sur le volet financier : comme l’explique Oxfam France, "a réunion des ministres des Finances n’a amené quasiment rien de concret sur la question des financements et les négociations sur un mécanisme international de réparation des ’pertes et dommages’ sont restées au point mort face au refus des pays riches de s’engager sur le financement". En fait, les pays riches refusent de tenir leurs engagements antérieurs d’aide aux pays pauvres pour s’adapter à un changement climatique qui va d’abord frapper ceux-ci.

Ils renâclent aussi à s’engager dans un accord contraignant de réduction des émissions : comme le rapporte l’AFP, les grands pays émergents veulent que les pays industrialisés, responsables historiquement du réchauffement, fassent beaucoup plus d’effort qu’eux. (...)

La France, qui accueillera au Bourget, près de Paris la conférence de 2015, pourra-t-elle peser pour que le rendez-vous débouche sur un traité réellement contraignant ? Il faudra déjà, pour cela, qu’elle ait elle-même une vraie légitimité environnementale, aujourd’hui inexistant si l’on considère son triste bilan en la matière. Un élément pourrait faire pencher la balance du bon côté : une mobilisation citoyenne internationale, comme l’écrit Maxime Combes, d’Attac. Les jeunes qui ont joyeusement rempli le train climatique de Bruxelles à Varsovie ont montré que ce n’était pas là des vains mots. Mais cela suppose une stratégie internationale des écologistes qui n’a pas encore émergé.