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La gestion démocratique des foules ? Qu’en termes galants ces choses là sont dites...
Article mis en ligne le 15 mars 2013
dernière modification le 11 mars 2013

« Gestion démocratique des foules » est une jolie expression qu’on trouve dans le projet de loi « autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Turquie. »

Pour autant, ni dans l’accord signé le 7 octobre 2011, ni dans le projet de loi, ni dans l’étude d’impact, on trouve quelles précisions que se soient sur son contenu, si ce n’est que cette « gestion démocratique des foules » constitue l’un des 18 domaines de coopération figurant dans ces accords de coopération de sécurité intérieure, et ce, à la demande du gouvernement de la Turquie.

Il y a, pour le moins, abus de langage : il s’agit sans doute de la maîtrise d’événements en rapport avec des mouvements de foule. Comme on le voit, il n’y a rien de « démocratique » dans cette gestion vue essentiellement sous l’angle technique et opérationnel comme il est dit dans l’article premier de l’accord de coopération : « les parties mènent une coopération technique et opérationnelle en matière de sécurité intérieure et s’accordent mutuelle assistance dans les domaines suivants » avec en premier lieu la lutte contre le terrorisme et le financement des activités afférentes. (...)

l’ordre républicain doit se faire dans le respect des libertés publiques qui garantissent, notamment, en l’espèce, le droit de grève, le droit de manifester, le droit de militer pour une alternance politique à la tête de l’Etat ou pour la reconnaissance de droits nouveaux, culturels, linguistiques, sociétaux, politiques. L’usage de la force dans les opérations de maintien de l’ordre ne doit pas être disproportionné aux risques de désordre, dit-on, mais les démocraties n’offrent-elles pas des moyens non-violents de règlement des conflits politiques, en commençant, bien en amont, par respecter les forces politiques d’opposition, les organisations syndicales, les associations et autres formes de la société civile ? Il n’a échappé à personne que les grandes manifestations, encadrées par des services d’ordre responsables, se passent le plus souvent sans incidents majeurs. Ce n’est pas le cas en Turquie et on peut craindre que les préoccupations soient tout autres (...)

On peut s’en étonner d’autant plus qu’un pays démocratique comme la France pourrait proposer d’autres formes de coopération dont la Turquie à grand besoin pour régler la question kurde, « un des dossiers récurrents qui plombe la vie politique de la Turquie contemporaine » d’après Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient : l’actualité de ces derniers mois a montré un rétrécissement du champ des libertés individuelles et collectives en Turquie principalement justifié par la nécessaire lutte contre le terrorisme, qui est toutefois dénaturée par l’interprétation abusive des dispositions de la loi anti-terroriste de 2006. (...)

Le gouvernement français serait bien inspiré de renoncer à faire voter une loi qui flatte les tendances répressives et sectaires d’un gouvernement au comportement schizophrénique qui, d’une part emprisonne à tout va et réclame même à la France l’extradition de Kurdes prétendus « terroristes » et d’autre part ouvre des négociations avec ceux-là mêmes qu’il considère encore comme de dangereux terroristes. (...)

Il serait temps que la France arrête sa politique répressive en poursuivant de sa vindicte des militants kurdes au motif qu’ils appartiendraient à une organisation terroriste (...)