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Rue 89
La guerre peut être belle et elle l’est pour certains, en RDC
Article mis en ligne le 19 août 2013
dernière modification le 14 août 2013

Des rires tintent sur les verres de champagne, des bouches curieuses s’essaient au caviar, un doux soleil de Noël réchauffe les épaules nues, et lorsqu’un jet ski vient dessiner des points de suspension dans la conversation, on le regarde avec un mépris amusé ; trop plein de bonheur des sens pour le transformer en colère. Vous êtes bien à Goma, au cœur d’un conflit qui ne veut pas s’achever : la guerre la plus meurtrière depuis 1945.

(...) Papi Kamanzi s’est battu pour quatre groupes armés différents. […] En 1997, il a activement participé aux activités d’une “escouade de la mort” rwandaise à Goma. Papy pouvait tuer près d’une centaine de “dissidents” dans la même journée. Les vielles femmes et les jeunes enfants n’étaient pas épargnés ; en général il utilisait une corde pour écraser leur trachée et les étrangler.

J’étais obligé. Si je ne l’avais pas fait j’aurais été soupçonné. […] On ne peut pas vraiment expliquer ce genre de choses. Pour nous, soldats, tuer vient facilement. C’est devenu une part de nos vies. J’ai perdu cinq membres de ma famille pendant la guerre. (...)

D’un côté les enfants qui apprennent à faire du wakeboard sous un soleil curieux, de l’autre des jeunes déplacés à Kitchanga qui, danaïdes de la misère, tentent de dégager les excréments de leur campement construit dans l’urgence après la mise à sac de la ville. Dans un monde, des conseils sur les meilleurs plages de Zanzibar, dans l’autre, une fille de 18 mois qui se fait violer et d’autres que l’on pénètre avec des battons rêches.

Ces deux univers ne sont pas étrangers l’un à l’autre. Ils se connaissent, se côtoient et partagent des éclats de vie avec une sincère compassion pour les uns et une saine jalousie pour les autres. Dans l’ombre de la guerre et au creux de la main tendue fleurissent les plaisirs de la chaire et de décadentes bombances. Faut-il regretter que dans le lit de l’horreur et de la souffrance viennent s’allonger la joie et le luxe ?