
Monsieur le Président,
Je m’appelle Ruth Simone Baptista, j’ai 15 ans, j’habite à Angers avec ma sœur et ma mère. Cela fera trois ans que ma famille et moi nous sommes réfugiées en France,
Avant, j’habitais en Angola avec ma mère, ma grand-mère et mes sœurs jumelles, mes frères habitaient déjà chacun dans leur coin mais étaient tous les jours à la maison. J’allais à l’école et à l’église tous les jours, j’aimais rester dans ma chambre que je partageais avec mes sœurs et écrire mes histoires, réfléchir…
Dans mon pays, cela fait plus de trente ans que le même parti et le même président sont au pouvoir, le peuple en a assez et mes frères aussi, ils ont donc fait des manifestations et incité les gens à les suivre. Cela a engendré de telles conséquences sur nos vies qu’on a été obligé de fuir et de venir en France. Pourquoi la France ? Honnêtement je ne sais pas, j’évite de demander ces choses à ma mère.
Arrivées ici, nous ne connaissions personne bien sûr, nous étions perdues et nous avons dormi un mois dans la rue. Après avoir reçu des aides nous avons été logées et j’ai commencé à aller en cours en 5e au collège La Venaiserie à St Barthélémy d’Anjou.
Comment se lever tous les jours pour aller en cours si on n’arrivait pas à dormir, si à chaque fois j’avais peur qu’ils nous retrouvent, qu’ils viennent ?(les policiers de mon pays). Je ne comprenais pas pourquoi j’allais en cours en quoi cela allait résoudre nos problèmes. Alors, j’ai décidé de jouer le jeu, le jeu d’être une fille normale, de me faire des amis, d’aller me balader, d’être une bonne élève comme d’habitude et de faire de la danse. Mais ma mère n’arrivais pas à jouer ce jeu, elle était obsédée à retrouver mes frères , elle cherchait n’importe quelle information sur le net, elle avait des cauchemars, insomnies. C’était très dur pour moi de la voir ainsi.
Avant on était une famille dans une maison, maman travaillait, on allait à la plage tous les week-end, mes sœurs et moi on allait en cours comme tout le monde, on avait des amis. Rien ne nous manquait , on ne mourrait pas de faim, on n’était pas dans le besoin.
Grâce à Dieu ma sœur nous a rejoint mais nous voilà maintenant sans rien, sans maison, sans futur, seules les aides des professeurs et des gens de bon coeur pour nous aider à tenir...Oui ! On nous a demandé de quitter la France mais pour aller où ? On n’a plus rien en Angola, plus d’emploi, plus de maison, on n’existe plus, on n’a le droit à plus rien. Mais là-bas, on nous attend, mais pas pour de bonnes choses.
Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas partir d’ici, j’ai une famille, des amis, un futur. Je veux être médecin, j’irais au lycée en septembre, je veux soigner les gens, réunir des familles, les voir sourire, me voir sourire. Je veux enfin pouvoir vivre. (...)