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Rue 89
La lettre de Titan à Montebourg dévoile la mondialisation comme elle est
Article mis en ligne le 23 février 2013

« J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France [...].

Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens-Nord. »

« Quand ce monsieur a visité l’usine, on était déjà en activité ralentie », expliquait ce mercredi matin sur France Inter le leader CGT de Goodyear, Mickaël Wamen, répondant vraisemblablement à une question sur les fameuses « trois heures par jour ». Et d’ajouter, quasi triomphant, qu’il espérait que l’on comprenne mieux maintenant, pourquoi la CGT avait bloqué le plan Titan. Bref, la vraie histoire de la négociation Titan-Goodyear reste à écrire, avis aux amateurs.

Pour son sens aigu des relations humaines, Maurice Taylor s’est auto-surnommé « The Grizz » (le grizzly). Hors du monde du business, son principal titre de gloire est de s’être présenté à la primaire républicaine de 1996, compétition où il a décroché 1% des voix. (...)

Etrange sensation, de voir la réalité rejoindre et dépasser brutalement sa caricature. Comment, en lisant la lettre de Taylor à Montebourg, ne pas penser pêle-mêle à la World Company des « Guignols », et à son commandant Sylvestre, ou à un nouveau canular des Yes Men ? Mais non. Il y a bien, dans le vrai monde, un vrai Maurice Taylor Jr. Et il y en a beaucoup d’autres.

La crudité de ce discours, de cette pensée, est habituellement ensevelie sous le savoir-faire lénifiant des marchands de pommade, pardon, des communicants, et grâce à la complicité des blanchisseurs médiatiques officiels.

Que l’on pense à la manière dont Carlos Ghosn, par exemple, a réussi à faire passer pour un geste audacieux les quelques billets de Monopoly jetés aux salariés de Renault (...)

The Grizz se moque d’être aimé ou haï. Il dévoile la mondialisation comme elle est. Il est, pour ce faire, mille fois plus efficace que tous les films de Michael Moore. Thank you, the Grizz.