
Yep !
Nous prenons la parole et la lançons comme un galet, tentant le ricochet, fouillant l’écho et attendant qu’à défaut, une main se tende, qu’un regard nous accroche et nous décoche et nous détache.
Nous prenons la parole sans savoir si l’oreille où elle trouve refuge nous entend, poursuit au-delà le résonnement ou balaie d’un revers nos vers décousus, nos mémoires insomniaques.
Nous prenons la parole, cherchant l’alter que nos ego esseulés dissolvent tandis que dispersés, en foule, en grappe, nous perdons le goût de nous connaître, de nous savoir et de nous aimer.
Nous prenons la parole pour qu’elle sonde, pour qu’elle s’affranchisse, pour qu’elle emporte avec elle le secret des mots anciens, ceux qui pesaient comme la pierre, ceux qui ne se cachaient pas, ceux qui disaient tout droit le poids de leur sens.
Nous prenons la parole, ici et maintenant, désinhibés et curieux, joignant le geste, et dénudant, nous perçons au jour sans retenue.
Nous prenons la parole pour la donner, pour la rendre, pour la polir au sel de nos langues vivaces, pour qu’elle réunisse et qu’enfin, trouvant l’écho, elle réfléchisse, au firmament de nos espérances, la lueur d’une aube nouvelle.
