Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
regards
« La merdification du travail concerne la majorité des secteurs »
Boulots de merde ! Du cireur au trader – Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, de Julien Brygo et Olivier Cyran, éd. La Découverte, 18,50 euros.
Article mis en ligne le 10 avril 2017
dernière modification le 7 avril 2017

Avec leur livre Boulots de merde !, les journalistes Julien Brygo et Olivier Cyran élargissent la notion de Bullshit job et décrivent, au travers d’enquêtes sociales, un processus général de dévalorisation du travail.

Bullshit job : détaillé en 2013 dans un article par David Graeber, anthropologue américain et figure de proue du mouvement Occupy Wall Street, le terme a depuis fait florès. S’intéressant aux secteurs des industries de service, administratifs, des ressources humaines ou encore du droit des affaires, l’enseignant à la London School of Economics désigne par là des emplois inutiles à la société, dépourvus de sens, générateurs d’un vif ennui et structurés par une inertie bureaucratique – quoique couronnés de salaires plus qu’honorables.

À lire l’ouvrage Boulots de merde ! Du cireur au trader – enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers des journalistes indépendants Julien Brygo (également réalisateur de films photographiques traitant des inégalités sociales – voir l’encadré en fin d’interview) et Olivier Cyran, on saisit certaines limites de la formule. Certes, la répercussion de l’article de David Graber est méritée, et son auteur interroge avec intelligence les questions de l’utilité sociale, comme de la nocivité des métiers. Mais en se cantonnant à l’étude de ces emplois valorisés, bien rémunérés, l’article occulte un contexte plus vaste.

Dans Boulots de merde !, en alternant entre enquêtes et recueils de témoignages, Julien Brygo et Olivier Cyran analysent et détaillent un large spectre d’activités : métiers déconsidérés depuis toujours (domesticité, nettoyage, livraisons, sécurité) ; métiers autrefois valorisés et dégradés aujourd’hui par la pression managériale (enseignement, soins, etc.) ; jusqu’à ces emplois un brin obscurs pour le commun des mortels (gestionnaires de patrimoine, conseillers en optimisation fiscale, etc.). (...)