
Pourquoi la photographie de Tadashi Okubo d’une japonaise au milieu des décombres est-elle devenue la signature visuelle du séisme japonais
Le personnage que Gilles Klein a rapidement qualifié de “madone des décombres” s’apparente plutôt à l’antique figure de la pleureuse, qui permet depuis des lustres de représenter les effets des guerres ou des catastrophes. Comme toute figure rhétorique classique, celle-ci fonctionne sur un antagonisme simple et facilement compréhensible : la brutalité du chaos ou de la mort mis en évidence par la douleur du personnage féminin – veuve, mère ou fille, soit la victime par excellence (...)
La photographie peut-elle continuer à faire passer pour du reportage ce qui relève des règles de l’illustration ? La recherche de la virtuosité ou du romanesque, on peut l’apprécier en galerie et à distance de l’événement. Elle est acceptable dans le cadre de la construction médiatique, pour guider la compréhension de l’événement. Mais à titre personnel, j’avoue préférer de plus en plus la modestie de l’image télévisée, qui filme à hauteur d’homme, sans essayer à tout prix de surligner la signification ou de surjouer l’émotion (...)