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Usbek et Rica
« La prétendue "demande de vidéosurveillance" est une construction politique
Article mis en ligne le 30 juillet 2018
dernière modification le 29 juillet 2018

La vidéosurveillance est régulièrement présentée comme une contribution majeure à la fois à la répression et à la prévention de la délinquance et du terrorisme. Mais qui surveille son déploiement et sa réelle efficacité ? Entretien avec le sociologue Laurent Mucchielli, auteur de Vous êtes filmés ! Enquête sur la bluff de la vidéosurveillance (Armand Colin, 2018).

En France, c’est la Mairie de Levallois qui installe les premières caméras sur la voie publique en 1993. Mais c’est sous la présidence de Nicolas Sarkozy que la vidéosurveillance devient la « priorité absolue du gouvernement en matière de prévention de la délinquance ». Depuis 2007, l’État français a dépensé des centaines de millions d’euros pour équiper les municipalités en caméras. Aujourd’hui, 80 % des communes situées en zones urbaines seraient ainsi « vidéoprotégées », pour reprendre l’expression du Ministère de l’Intérieur, tandis qu’une troisième vague de « caméras des champs » commence à quadriller les campagnes. Aujourd’hui, on compterait 1,5 million de caméras de surveillance actives dans les lieux et les établissements ouverts au public.

Mais qui surveille le développement de la surveillance et comment mesure-t-on son efficacité ? Pour la première fois, le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des politiques de sécurité, a mené l’enquête dans trois villes emblématiques de l’hexagone. Son essai Vous êtes filmés ! Enquête sur la bluff de la vidéosurveillance (Armand Colin, 2018), met à jour un solutionisme technologique qui ne tient pas ses promesses, et une instrumentalisation de la peur du terrorisme.

Au moment où Gérard Collomb annonce l’arrivée de la reconnaissance faciale et de « logiciels intelligents » capables de « détecter les comportements suspects » dans les Centres de Supervision Urbaine, et alors que « l’affaire Benalla » vient de rouvrir le débat sur la vidéosurveillance, un petit bilan s’impose. (...)