
Né au début des années 1970 en France et longtemps oublié, ce concept, qui marie luttes pour le climat et pour les droits des femmes, est porté par la candidate Sandrine Rousseau.
Quel que soit le résultat de la primaire écologiste, on peut compter les mots, nouveaux ou oubliés, qu’elle aura mis dans la lumière. A côté de la décroissance et de la radicalité, l’écoféminisme s’est imposé. Deux candidates, Sandrine Rousseau et Delphine Batho, portaient le concept en étendard. Elles ont rassemblé, à elles deux, près de la moitié des voix au premier tour (47,46 %). Mais, en se qualifiant pour le second tour face à Yannick Jadot et en se présentant comme une « écoféministe » en lice pour l’Elysée, Mme Rousseau est en passe de devenir le nouveau visage politique de ce courant de pensée.
Le concept est né au début des années 1970 en France, sous la plume de l’écrivaine et militante féministe Françoise d’Eaubonne. Longtemps cantonné à un cercle de spécialistes, il s’impose désormais dans le débat public, jusque sur les plateaux télé, où il est parfois difficile à développer sans le caricaturer. Sa pierre angulaire : lier exploitation de la nature et exploitation des femmes par le système dit patriarcal. (...)
Pas de définition univoque
Depuis sa création, l’écoféminisme aura accumulé les malentendus, malgré les bases théoriques jetées par sa fondatrice. « Nous ne plaidons pas du tout une illusoire supériorité des femmes sur les hommes, ni même des “valeurs” du féminin qui n’existent que sur un plan culturel et nullement métaphysique, nous disons : “voulez-vous vivre ou mourir ?” », écrivait ainsi d’Eaubonne en 1974 dans Le Féminisme ou la mort, réédité en 2020 aux éditions du Passager clandestin. En France, le concept n’a pas « pris » comme aux Etats-Unis ou en Inde, et ses subtilités ont longtemps fait obstacle à une traduction politique. (...)