
La polémique sur les salles de tribunal dédiées aux étrangers, à Roissy, n’est que l’un des nombreux sujets de débat autour de la "rétention" des sans-papiers, un domaine que le gouvernement tarde à réformer en dépit de ses promesses.
Pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait assuré qu’il ne fermerait pas les centres de rétention administrative (CRA), créés à partir de 1981 pour mettre un terme aux rétentions illégales pratiquées dans les commissariats, prisons ou autre hangars (comme dans le port de Marseille).
Mais le placement en rétention doit devenir "l’exception", une fois les alternatives épuisées, avait ajouté le candidat socialiste, suivant à la lettre les directives européennes.
Dès son arrivée au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls a limité le placement en rétention des familles avec enfants et travaillé à une réforme globale du secteur.
Plusieurs questions ont été mises sur la table : Faut-il réduire la durée maximale de rétention ? Quelles peuvent être les alternatives à l’enfermement ? Faut-il renforcer le rôle du juge des libertés et de la détention (JLD) ? Faut-il fermer certains des 27 centres de rétention ?
Pour y répondre, l’entourage du ministre a consulté les acteurs du secteur au premier semestre et Manuel Valls a commandé un rapport au député Matthias Fekl, qui le lui a remis en mai.
Il y conseille notamment de revenir sur une loi de juin 2011 - dite Besson du nom de l’ancien ministre de l’Immigration - qui a prolongé la durée de rétention maximale (de 32 à 45 jours) et repoussé du 2e au 5e jour le contrôle du JLD.
En recevant le rapport, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis qu’un projet de loi serait présenté "avant l’été" en Conseil des ministres. Mais en juillet, la place Beauvau a annoncé que le texte ne serait pas prêt avant la fin de l’année, ce qui risque fort de reporter son examen par le Parlement après les municipales de mars 2014.
Les questions sur la rétention, particulièrement "clivantes", de l’aveu même du ministère de l’Intérieur, restent donc en suspens. Et l’entourage de Manuel Valls n’a donné aucune indication sur les futurs arbitrages.
En attendant, les associations de défense des droits de l’Homme s’impatientent (...)