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La révolte contre l’oligopole de l’édition scientifique s’intensifie
Article mis en ligne le 14 mai 2012

Dans un article paru en deux parties en août 2011, nous avions successivement décrit, la domination du marché de l’édition scientifique par un petit nombre de sociétés avides de profit (L’édition scientifique (1) : un oligopole profitable), puis la contestation de cet oligopole par les bibliothécaires-documentalistes et les chercheurs (L’édition scientifique (2) : le temps de la révolte). Or, depuis le mois de janvier 2012, une nouvelle offensive des chercheurs a pris corps à partir de l’initiative de l’un d’entre eux.

Le 20 janvier 2012 Timothy Gowers, un mathématicien anglais renommé (médaille Fields 1998), publie sur son blog un article intitulé (« Elsevier : my part in its downfall ») dans lequel il s’engage à ne plus publier ses travaux de recherche chez l’éditeur Elsevier [1] et il invite les autres chercheurs à s’y associer. Un tel engagement, dès lors qu’il devient collectif, n’est pas seulement celui d’une pétition mais équivaut à un boycott en bonne et due forme. À ce jour [2], 11 488 chercheurs de diverses disciplines l’ont signé sur un site dédié (« The cost of knowledge »). (...)

Le projet de loi sur les travaux de recherche avait pour objectif de donner un coup d’arrêt au mouvement pour le libre accès aux textes scientifiques. Il soumettait tout bonnement la diffusion de tout travail de recherche financé sur fonds publics à l’autorisation de son éditeur privé. (...)

Chaque jour qui passe voit augmenter le nombre des signataires du boycott d’Elsevier. Mieux : le 17 avril 2012, un mémorandum du conseil consultatif de l’université d’Harvard est « envoyé à ses 2100 professeurs et chercheurs, les encourage à mettre à disposition, librement, en ligne leurs recherches » (...)

Dans un discours récent (3 mai 2012), David Willetts, ministre anglais des Universités et de la Science, a proposé au cours d’une interview au Guardian, la création dans les deux ans , d’« une plateforme en ligne permettant à chacun de consulter gratuitement et sans condition toutes les publications subventionnées par l’État britannique » [7]
(...)

La réalisation de ce projet serait confiée à un spécialiste peu susceptible d’affinités avec les éditeurs commerciaux, Jimmy Wales, un des deux fondateurs de Wikipédia.
(...)

La convergence des actions de chercheurs de plus en plus nombreux, d’une université des plus prestigieuses et du gouvernement d’un grand État amorce-t-elle le déclin de la domination des marchands sur la communication scientifique ? Il est en tout cas certain qu’un tel mouvement de contestation, à la fois individuel et institutionnel, associé aux nombreuses initiatives pour le libre accès (open access) à l’information, constitue une offensive sans précédent contre la confiscation de la communication scientifique par un quarteron de sociétés (pour mémoire : Elsevier-Sciences, Springer-Kluwer, Wiley-Blackwell, Taylor & Francis) animées par le seul souci de rentabilité financière.

Affaire à suivre, mouvement à soutenir.

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