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la quadrature du net
La surveillance policière dopée aux Big Data arrive près de chez vous !
Article mis en ligne le 22 mars 2018

Il y a trois mois, la mairie de Marseille annonçait le début du déploiement de son « observatoire Big Data de la tranquillité publique » à l’issue d’un appel d’offre remporté par l’entreprise Engie Inéo, leader du marché de la vidéosurveillance. Félix Tréguer, chercheur et membre de La Quadrature, écrivait alors à la mairie et à la CNIL en faisant valoir son droit d’accès aux documents administratifs pour obtenir davantage d’informations (a.k.a #CADAlove). À quelques heures d’une réunion publique qui doit se tenir à Marseille, La Quadrature publie un premier document en provenance de la mairie de Marseille, le Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP), qui détaille les objectifs et les soubassements techniques du projet.

Les responsables municipaux présentent cet observatoire Big Data, annoncé en juillet 2014 et voté par la ville en 2015, comme la première brique de la Smart City™ du « turfu », croyant ainsi faire de l’indécrottable Marseille une ville pionnière de cette clinquante utopie technocratique. Pour ces élus marseillais qui n’ont pas de mots assez durs contre cette ville bigarrée et ses pauvres, le Big Data apparaît comme une véritable aubaine. Selon Caroline Pozmentier, l’adjointe au maire en charge de la sécurité, il va en effet permettre de « façonner la ville quasi idéale ». Rien que ça ! (...)

Quelles données ? Quels objectifs ?

Alors que les expérimentations en matière de police prédictive sont encore balbutiantes en France, le projet marseillais promet une vaste plateforme d’intégration basée « sur les méthodes de Big Data » et de « machine learning », capable d’« analyser ce qui s’est passé (hier) », d’« apprécier la situation actuelle » (aujourd’hui) », et d’« anticiper la situation future ou probable (demain) » (p. 12). Le kiffe. Les rédacteurs du CCTP ne s’en cachent pas : « l’approche est particulièrement exploratoire et créative » (p. 42). Mais si les Chinois et les Américains y arrivent, pourquoi pas nous ? (...)

Grâce à toutes ces données, la ville souhaite donc analyser automatiquement les « incidents » grâce à des algorithmes portant sur « leur contexte et leur cause », sur la « détection et l’investigation des comportements anormaux », sur la « géolocalisation des points dits "chauds" de la ville ». Que de réjouissances ! Comme évoqué plus haut, il est aussi question de vidéosurveillance « intelligente », en lien avec la vidéo-verbalisation et, demain, la reconnaissance faciale2.

Les joies du public-privé

Le prestataire retenu fin novembre, l’entreprise Engie Inéo, n’est pas tombé de la dernière pluie en matière de bluff techno-sécuritaire : l’entreprise est en effet leader du marché français de la vidéosurveillance, qui lui a rapporté en 2013 autour de 60 millions d’euros. (...)