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Rue 89
La vie sous surveillance : rencontre avec Ai Weiwei à Pékin
Article mis en ligne le 7 novembre 2013
dernière modification le 3 novembre 2013

(...) le récent durcissement de la nouvelle équipe au pouvoir en Chine, conduite par Xi Jinping, qui a emprisonné tour à tour des juristes, des hommes d’affaires trop libres, des internautes accusés de propager des « rumeurs », ou encore des journalistes, nous incitaient à chercher l’avis de l’artiste dissident numéro un de Chine, reclus dans sa maison de Caochangdi. (...)

Rue89 : Où en êtes vous ? Etes-vous libre de vos mouvements ? Y a-t-il encore des charges contre vous ? Pouvez-vous voyager ?

Ai Weiwei : Il n’y a aucune procédure légale contre moi, et il n’y en a d’ailleurs jamais eu. Même quand j’ai été arrêté ou après ma libération, il n’y a aucun document qui spécifie pourquoi on m’a arrêté, aucune accusation légale contre moi.

Ils ont déclaré publiquement, en particulier en direction de l’Occident, que j’avais des problèmes fiscaux. Mais ils n’ont jamais formulé l’accusation contre moi. Ils ont accusé une société avec laquelle je travaillais, et même là, c’est un montage.

Je suis en quelque sorte en auto-détention car je ne peux pas voyager, je n’ai pas de passeport. Mais ils ne m’ennuient pas trop. Je peux travailler sur mon art ; je donne des interviews même si on ne m’y autorise pas ; en Chine, mon nom est bloqué sur Internet, mais je me débrouille pour être sur Twitter [réseau américain, bloqué en Chine, mais consultable à l’aide d’un logiciel de contournement, ndlr].

Je sais que mon téléphone est écouté, qu’ils surveillent les gens qui viennent chez moi, ils ont construit un immense bâtiment en face de chez moi après ma libération pour organiser cette surveillance. C’est mon sort, mais je suis assez heureux, assez occupé, je prépare mes expos. Voilà ! (...)

Ce qui compte, c’est le combat pour la liberté. Il faut toujours trouver une possibilité de le mener, de questionner le pouvoir, de voir ce qu’il est possible de changer.

Mais on a le sentiment qu’en ce moment, en Chine, l’espace de liberté d’expression se réduit.

Hélas, quand le pouvoir tente de limiter la liberté d’expression, c’est que ce pouvoir est faible, fragile. C’est le cas en ce moment : pourquoi empêcher d’autres personnes de parler ? C’est un droit, de quoi avez-vous peur ? C’est le signe d’un manque de confiance du pouvoir. (...)