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La voiture à hydrogène est un miroir aux alouettes de la transition énergétique
Article mis en ligne le 21 août 2020
dernière modification le 20 août 2020

Souvent présentée en France comme une solution d’avenir, la voiture à hydrogène a été totalement mise de côté par le constructeur Volkswagen au nom de l’efficacité énergétique. L’auteur de cette tribune explique pourquoi l’hydrogène n’est pas la solution à l’urgence climatique.

Souvent présentée en France comme une solution d’avenir, la voiture à hydrogène a été Il y a urgence à agir pour réduire les émissions de CO2. La marche et le vélo sont certes préférables à la voiture particulière. Mais parmi les différents types de voitures, quelle est la solution la plus efficace pour réduire les émissions de CO2 ?

Il existe un indicateur particulièrement intéressant pour tenter d’y répondre : la quantité d’énergie consommée pour réaliser par exemple 200.000 kilomètres. Energie non seulement pour propulser la voiture, mais aussi pour fabriquer la voiture elle-même et extraire dans les mines les matières premières nécessaires. Le bilan carbone est bien entendu corrélé au bilan énergétique. Les experts du groupe Volkswagen (VW) ont fait le calcul et ont présenté les résultats le 12 mars 2019 à l’occasion de la conférence de presse annuelle de ce mastodonte dont les décisions influencent l’industrie automobile mondiale.Il y a urgence à agir pour réduire les émissions de CO2. La marche et le vélo sont certes préférables à la voiture particulière. Mais parmi les différents types de voitures, quelle est la solution la plus efficace pour réduire les émissions de CO2 ? (...)

Verdict : la voiture aux carburants synthétiques (eFuel et eCNG) consomme trois fois plus d’énergie primaire que la voiture électrique. Et celle à l’hydrogène, 1,7 fois plus. Ces 70 % supplémentaires représentent un impact à la fois économique et carbonique. La fabrication de la pile à combustible et du réservoir capable de résister à une pression de 700 atmosphères est énergivore. La voiture à hydrogène la plus vendue au monde (quelques milliers d’exemplaires) pèse 1.850 kg, soit 3 kilos de plus que la Tesla Model 3 Long Range (100 % batterie), qui a la même autonomie. Mais, c’est surtout le mauvais rendement de la chaîne hydrogène qui plombe le bilan global. (...)

le PDG de VW a répondu : « Nous devons prendre une décision maintenant. Nous ne pouvons plus débattre d’ouverture technologique, cela n’aidera pas, nous devons changer de système. Je pense que le temps du débat est terminé, la situation est claire : les objectifs climatiques ne peuvent être atteints qu’avec les véhicules électriques. » Et il a ajouté : « L’hydrogène est moins efficient. »

« C’est le premier plan climatique crédible de la part d’un constructeur automobile », a commenté William Todts, le directeur exécutif de l’ONG Transport et Environnement, celle-là même qui avait révélé les tricheries géantes de Volskwagen sur ses émissions diesel. (...)

« La pile à combustible est un non-sens. L’efficience énergétique est le paramètre le plus important » (...)

Les promoteurs de la voiture à hydrogène pensent avoir trouvé une astuce pour contourner ce point faible : utiliser les « surplus de solaire et d’éolien ». En conséquence, d’après eux, gaspiller n’est plus un problème. Mais il s’avère que lesdits « surplus » peuvent être utilisés de façon bien plus pertinente, par exemple pour charger des batteries, pour alimenter des pompes à chaleur ou pour produire de l’hydrogène servant non pas à rouler en voiture mais comme matière première dans l’industrie chimique. Ou, peut-être, à l’avenir, pour alimenter les gros paquebots transocéaniques, même si les solutions à base de méthane seront préférées à court et à moyen terme.