
Dans un éditorial publié le 13 juillet 2012, Laurent Joffrin nous éclaire de sa profonde pensée sur la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Celle-ci constituerait « le cimetière des illusions idéologiques françaises », mettant à mal « les idées reçues sur le libre-échange et la mondialisation ».
Des idées à ce point reçues que celui qui prétend en faire la critique en a été, au sein des grands médias, et en particulier de la presse dite de gauche (Libération, Le Nouvel Observateur), l’un des zélateurs les plus assidus depuis les années 1980 [1]. Avant de rappeler ce rôle que Laurent Joffrin a assumé avec tout l’aplomb du converti, et ce durant pas moins de trois décennies, revenons sur son analyse de la fermeture de l’usine d’Aulnay. (...)
Précisons-le d’emblée, Laurent Joffrin a évidemment le droit de penser (et d’écrire) ce qu’il pense... même quand ses pensées sont à géométrie variable. Mais ce qui importe ici, c’est la place qu’il occupe dans le champ médiatique et les fonctions qu’il y remplit.
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Autant dire que, pour faire face aux fermetures d’usine et aux suppressions d’emploi, Joffrin enjoint le gouvernement de soumettre le monde du travail à une cure renouvelée de néolibéralisme : réforme du marché du travail, délocalisations, mondialisation capitaliste. Derrière le discours compatissant de l’éditocrate à l’égard de « salariés méritants » se dissimule ainsi la volonté que tout change, du moins en paroles, pour que rien ne change. Mais doit-on vraiment s’en étonner, de la part d’un idéologue qui pouvait écrire, en 1984 : « Il n’y a pas d’autre moyen de rénover enfin la culture politique de la gauche que d’y injecter massivement les valeurs du marché. En ce sens, le capitalisme est l’avenir de la gauche. »