
Samedi 23 septembre 2017. La France insoumise impulse une marche contre les ordonnances transformant le code du travail. Le même jour Libération publie un dossier à charge contre La France insoumise et son porte-parole, Jean-Luc Mélenchon. Il ne s’agit, bien sûr, que d’une pure coïncidence.
En cause notamment une double initiative : le lancement d’une télévision sur Internet (qui, selon Libération, « sera créée en novembre » et regroupera le blog et la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon) et surtout l’initiative de lancer un site d’information qui serait indépendant de La France insoumise. Indépendant ? Il faudra juger sur pièces, comme nous le ferons, Acrimed ne se chargeant de la communication d’aucune formation politique et d’aucun média.
Mais l’omniscient Laurent Joffrin, à défaut de pouvoir ou même de vouloir rétablir par la force la censure préalable [1] purifie le droit d’informer.
Dans un éditorial paru le 23 septembre, sous le titre « Sa vérité », le chef de Libération disqualifie a priori tous les médias qui, de près ou de loin émanent de La France insoumise et d’une gauche radicale non identifiée. Et cela donne cette entrée en matière : « Les médias mentent, faisons nos propres médias. Tel est le mot d’ordre qui sous-tend la démarche de La France insoumise et de la gauche radicale à l’égard des journaux, des radios et des chaînes de télévision. » « Un mot d’ordre qui sous-tend une démarche », évidemment, n’est pas un mot d’ordre. Mais comme le prétendu mot d’ordre « sous-tend » sans être prononcé, Laurent Joffrin peut l’inventer à sa guise.
Inventer grossièrement, comme il le fait ici, les positions que l’on combat est une méthode que Laurent Joffrin souhaiterait peut-être voir annexée aux codes de déontologie. Une méthode qu’il avait pesamment illustrée dans un précédent traité de psychiatrie - Média-paranoïa – rédigé à l’intention des malades mentaux de la critique des médias sous toutes ses formes [2].
Et notre déontologue, devenu historien de poursuivre dans son éditorial : « Dans les années 30, déjà, les partis politiques appliquaient le même raisonnement aux médias de l’époque : l’Humanité (communiste), le Populaire (socialiste), l’Action française (monarchiste) proclamaient leur propre vérité face aux mensonges des journaux qu’on appellerait aujourd’hui “mainstream”. » Et le pontife de Libération de pontifier : « Même réflexe, donc » Cette fine allusion historique omet soigneusement de rappeler ce qu’étaient les journaux des années 30. Faut-il comprendre que pour Laurent Joffrin, Libération, Le Monde ou Le Figaro sont les dignes héritiers de de la presse corrompue de l’entre-deux guerres ! Jamais nous n’oserions avancer une telle infamie.
Une saine méfiance à l’égard de la presse de parti n’exonère en rien la presse de parti-pris, par exemple quand, sous la conduite d’un Laurent Joffrin, elle se livre à une offensive préventive qui fait la « une » de Libération....
... Une offensive destinée à disqualifier en même temps le projet de télévision sur Internet de la France insoumise et le projet d’un site d’information qui serait indépendant de la France insoumise, alors que les contours de ce dernier projet, à peine définis, n’ont pas été rendus publics au moment où nous écrivons. (...)