
Il ne faut pas condamner à mort un Noir innocent ; il ne faut pas non plus condamner à mort un Blanc coupable – parce qu’il ne faut condamner personne à mort.
L’exécution de Troy Davis ce jeudi [décès constaté à 5h08, heure de Paris, ndlr] soulève, à juste titre, l’indignation. Son cas est exemplaire : malgré les doutes nombreux qui pèsent sur la thèse de sa culpabilité, la sentence a été non seulement prononcée mais encore exécutée.
D’un côté, le doute ; de l’autre, une certitude dont les effets sont meurtriers et irréversibles. Le problème de la peine de mort est ainsi concentré de manière exemplaire et tragique.
Mais un autre cas d’exécution capitale, contemporain de celui de Troy Davis, est peu, sinon pas du tout, commenté : celui de Lawrence Brewer. On l’apprend de manière subreptice, comme si son cas était honteux. (...)
Une autre exécution capitale a en effet eu lieu au Texas quelques heures avant celle de Troy Davis : celle d’un membre du Ku Klux Klan (KKK), Lawrence Brewer, condamné pour meurtre raciste. Dans la presse, une ligne ou deux pour la mort de cet homme. Sans commentaire. Comme si cette exécution-là était sinon excusable, du moins compréhensible.
Cet autre cas, dont on fait si peu de cas, n’est probablement pas exemplaire. Pas de doute sur la culpabilité. Et puis il s’agit d’un raciste blanc, qui a torturé sa victime et n’a pas regretté ses actes : on pouvait bien y aller, non ? Or, c’est ici qu’il faut rester ferme sur la condamnation de la peine de mort, ici, précisément dans ce genre de cas.
(...)
Cet article s’adresse aux adversaires de la peine de mort : il est bon et salutaire de s’émouvoir de l’exécution d’un Noir innocent ; mais c’est une faute de ne pas s’alarmer de l’exécution d’un meurtrier blanc tortionnaire et raciste.
(...) Wikio