
Le 25 janvier 2015, Syriza obtenait une victoire historique aux élections législatives grecques. Prônant l’abandon des plans d’austérité et une restructuration de la dette, le nouveau gouvernement n’a pas tardé à entamer des négociations avec ses créanciers européens. Elles se poursuivent aujourd’hui, malgré un accord intermédiaire – et temporaire – obtenu le 20 février. À l’inflexibilité des institutions et gouvernements européens sur l’application des mesures de rigueur, le gouvernement grec oppose son refus de revenir sur l’ensemble de son programme. Cette confrontation parfois tendue n’a pas manqué de susciter et analyses et commentaires dans la presse… non sans quelques parti-pris, plus ou moins explicites.
Cet article est le premier d’une série qui vise à revenir sur le traitement médiatique de l’actualité des négociations entre la Grèce et ses créanciers. Il est dédié au Monde, et plus précisément à ses éditoriaux sur la situation en Grèce suite à l’élection de Syriza. Ce n’est pas un hasard : comme nous l’évoquions dans un précédent article, le quotidien n’a jamais été en reste pour dénoncer « l’irresponsabilité » de la remise en cause par Syriza des réformes « indispensables » imposées par les créanciers de la Grèce. (...)
Au grand dam du Monde, Alexis Tsipras n’a pas « atterri », et il semble que le gouvernement grec soit déterminé, du moins pour le moment, à faire mentir le « quotidien de référence ». Et quand bien même ce ne serait pas le cas, la question est tout de même la suivante : Le Monde va-t-il, quant à lui, « atterrir » ? Nous n’évoquerons pas ici (ou presque) les prêches libéraux de son éditocrate de référence Arnaud Leparmentier, qui interdit toute critique de la politique de Mario Draghi [1] ; et pour qui la France serait un pays « plus socialiste que jamais » qui « étouffe sous l’impôt et la dépense publique [2] ».
Mais comment un journal qui se veut « de référence » en est-il arrivé à disposer de si peu de recul critique qu’il s’en tienne, en matière de politique européenne, à répéter comme un perroquet les positions des « Européens », c’est-à-dire dans la novlangue médiatique, des dirigeants européens ? (...)