
De "face à la contestation sociale, l’escalade sécuritaire" à "police et préfets en première ligne"
En quelques heures le 2 mai, un article du "Monde" a été modifié de façon à changer radicalement son propos, déplaçant la focale de "l’escalade sécuritaire d’Emmanuel Macron" à... la police et les préfets "en première ligne". Mais que s’est-il passé au "Monde" ?
Qu’est-il arrivé au "Monde" pour qu’un article sur ""l’escalade sécuritaire d’Emmanuel Macron" "change de titre, de photo d’illustration, de sous-titre et d’intertitre, replaçant la focale sur les autorités (""polices et préfets en première ligne"") ?
Ce 2 mai à 5 h 40, le "Monde" publie un article sur la contestation sociale contre la réforme des retraites et le maintien de l’ordre, signé par la journaliste politique Ivanne Trippenbach – qui couvre régulièrement la politique française en général, et la macronie en particulier. Titré """"Face à la contestation sociale, l’escalade sécuritaire d’Emmanuel Macron"", l’article détaille et critique la stratégie de maintien de l’ordre du président Macron depuis le mouvement contre la réforme des retraites (...)
Avec le détitrage vient la désiconographie : la photo d’illustration a elle aussi été modifiée." “L’iconographie, sa légende et une citation ont également été retravaillées, “a remarqué le journaliste Greg Souchay sur Twitter.” Clairement il y a un vrai décalage entre le travail de la journaliste et l’édition.” "Il compare en effet les images d’illustrations accompagnant l’article avant et après sa modification. Les deux sont signées Lucas Barioulet, photographe qui a couvert la manifestation du 1er mai pour le “Monde”, mais sont très différentes. (...)
Le texte aussi a été modifié à au moins un endroit de l’article. Le paragraphe s’intéressant aux recours judiciaires suite aux multiples arrêtés préfectoraux interdisant les concerts de casseroles ou de sifflets dans plusieurs villes (Paris, Lyon, Le Havre, Bordeaux, Rennes) a changé de sous-titre. La première version de l’article utilisait mot pour mot une citation de l’avocat Me Jean-Baptiste Soufron, qui regrettait que les arrêtés préfectoraux laissent un temps très court, voire pas de temps du tout, à la justice pour juger les recours. “Il y a une volonté de l’exécutif de s’affranchir de la règle de droit”, estime-t-il en citation, raccourcie en sous-titre en ““Volonté de s’affranchir de la règle de droit”.” Mais après la mise à jour de milieu de journée, ce sous-titre devient ““contournement du droit”.” En plus d’affaiblir le propos de Me Soufron, qui décrit une ““volonté de l’exécutif”” et non un" “contournement” "que l’on pourrait croire accidentel, les mots ““contournement du droit”” sont placés entre guillemets bien que l’avocat ne les ait pas prononcés. (...)