
Dans un tweet publié le 3 juin, la régie publicitaire du Monde annonce fièrement la transformation du quotidien… en dépliant publicitaire pour le groupe MAIF. Une nouvelle démonstration de la dépendance exacerbée d’une partie de la presse écrite vis-à-vis de ses annonceurs.
La régie publicitaire du Monde, qui poste la vidéo, se réjouit d’un « dispositif inédit » dans lequel l’annonceur bénéficie d’une « exclusivité totale sur l’ensemble des emplacements publicitaires pour déployer son discours ». (...)
Il suffit de lire les commentaires pour constater que cet enthousiasme n’est pas vraiment partagé : « donc on paie (cher) pour qu’un cinquième de la page soit de la pub… vous étonnez pas de moins vendre de papier » ; un autre s’interroge : « c’est un journal ou un prospectus payant ? » Et plus simplement : « angoisse ».
Démonstratif, ce message montre à quel point la crise de la presse écrite a conduit à légitimer, y compris au sein des « grands » quotidiens, l’emprise des annonceurs, des régies publicitaires et l’invasion de réclame [1]. Il nous rappelle que la mainmise de quelques groupes industriels sur la plupart des médias n’est pas la seule menace sur l’indépendance journalistique induite par le modèle économique dominant ; la dépendance à l’égard des annonceurs, elle aussi, ne cesse de s’accroître.