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Le Parisien prépare la grève du 5 décembre et la réforme des retraites
Article mis en ligne le 5 décembre 2019

Préparée de longue date par les éditocrates, l’offensive des médias contre la grève s’est accentuée dans les jours qui ont précédé la journée du 5 décembre. Si de nombreux titres de presse y ont pris part – nous avons déjà évoqué dans ces colonnes le cas du JDD – Le Parisien est en bonne place pour remporter la palme du catastrophisme et de la démobilisation sociale.

Dans les jours qui ont précédé la grève du 5 décembre, nombre de médias, à Paris comme en province, ont d’abord évoqué (par anticipation) les effets désastreux de la grève ; avant de se pencher sur le sort malheureux des honnêtes citoyens et citoyennes, présumés victimes des grévistes. La population est ainsi médiatiquement divisée en deux parties antagonistes : les grévistes et les usagers en galère. Comme si les « usagers » n’étaient pas aussi, pour les plus nombreux, des « producteurs », et comme tels destinés à partir, un jour, à la retraite.

Mais opposer les grévistes aux usagers ne suffit pas à la stratégie médiatico-gouvernementale, il s’agit aussi de diviser les grévistes entre eux en désignant à la vindicte publique les « privilégiés » des régimes spéciaux. Et dans ce registre, même s’il n’est pas le seul, loin de là, Le Parisien est passé maître. De quoi servir les intérêts conjoints de son patron et de la macronie… (...)

il s’agit de désigner les « privilégiés » qui vivent au crochet de la collectivité, soit 500 000 salariés sur 18 millions, leur faisant ainsi jouer le rôle du bouc émissaire. Sont particulièrement visés les cheminots qui furent les principaux acteurs des grèves de décembre 1995, qui avaient fait tomber Alain Juppé et sa réforme des retraites. L’information sera reprise par de nombreux médias (Le Monde, Libération, CNews, LCI, France Info, BFM-TV, L’Express…). On laissera aux fact-checkers et autres décodeurs le soin de disséquer ces milliards pour en vérifier l’exactitude. Quelle qu’elle soit, la vérité de cette information n’est pas là, mais dans l’évidente stratégie du gouvernement, via un de ses ministres et des journaux affidés, visant à semer la division dans un mouvement de grève avant même qu’il ne commence.

Dans son éditorial de l’édition du même jour, Nicolas Charbonneau conclut ainsi : « Alors, au nom de nos enfants, des générations futures, il serait bienvenu et responsable qu’enfin le sujet soit traité. Avec sérénité, sans opposer les Français les uns aux autres […] » Un principe que Le Parisien serait bien inspiré de s’appliquer à lui-même.