
Un an après le vote de la loi sur le revenu de solidarité active, les trois quarts des « travailleurs pauvres » n’ont pas fait valoir leurs droits. Politis vous dit pourquoi.
...Surtout, ne lui parlez pas du revenu de solidarité active (RSA). Delphine, 35 ans, un doctorat de droit en poche et une petite fille à charge, bouillonne de colère : « Je cherche du boulot dans un cabinet d’avocats à Perpignan mais on me propose 1.300 euros ; alors, pour moi, c’est niet ! » Le complément de salaire que pourrait lui apporter son inscription au RSA ? « Jamais ! rétorque-t-elle. Je ne veux pas être une assistée, je ne veux pas de carte de CMU, et je n’ai pas envie de rendre des comptes aux travailleurs sociaux… Je suis écœurée de vivre dans un pays où, quand on a bac + 8, on ne peut pas gagner sa vie décemment. Je demande juste un salaire convenable...
...« Il faut comprendre que, pour un salarié, toucher le RSA, c’est accepter de changer de statut. » C’est se confronter à sa propre dégringolade dans l’échelle sociale - que celle-ci soit réelle ou non. « Jusqu’à présent, les salariés gagnant mal leur vie s’étaient construit une identité sociale dans un mouvement de différenciation des allocataires de minima sociaux, analyse Nicolas Duvoux, sociologue à l’université Paris-Descartes. Peut-être plus dans ces populations que pour les "habitués" des minima sociaux, le recours à "l’assistanat" a un coût psychique et identitaire. »
...Dans ce contexte, le RSA apparaît complètement schizophrénique... » Et le refuser, une tentative désespérée de résister à ce monde un peu fou...