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Rue 89
Le blogueur tunisien @slim404 démissionne du gouvernement
Article mis en ligne le 27 mai 2011
dernière modification le 26 mai 2011

Slim Amamou, blogueur très actif sous le régime Ben Ali et emprisonné pendant la révolution de janvier, a démissionné de son poste de secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. Il l’a annoncé sur son compte Twitter avant de déclarer aux médias tunisiens que « c’était une expérience importante mais fatigante, surtout les critiques constantes ». Les élections » de l’Assemblée constituante, auront lieu le 24 juillet.

Cet article a initialement été publié le 19 février, quelques semaines après sa nomination au poste de secrétaire d’Etat.

Le systématisme de la censure à réveillé leur conscience politique alors même qu’ils subissaient moins que les autres l’injustice sociale et économique du système. En bricolant Internet, ils ont rendu possible la diffusion de l’information (...)

C’est une guerre qui oppose les pirates du gouvernement et ceux de la liberté d’expression. Slim et ses copains technos lancent des sites collaboratifs regroupant tous les blogs interdits et inventent en permanence des outils pour contourner la censure.

En face, la cellule Internet du ministère de l’Intérieur fait travailler des informaticiens suffisamment pointus pour faire bloquer les contenus des sites et les outils même utilisés par la blogosphère pour contourner la censure.(...)

En 2009, les sites bloqués se multiplient.(...)

Azyz lâche son boulot pour passer ses journées dans les cafés et devant l’ordinateur. Le 22 décembre, c’est avec des policiers qu’il débat. Pourquoi tirent-ils sur la foule ? Sur leurs frères ? Ils répondent : « Mais qu’est ce que tu comprends à Ben Ali, toi ? » Originaire de Sidi Bouzid, il reçoit les appels épouvantés de sa famille :

« Ma tante pleurait, la police la battait. Mon cousin me disait : “Il faut leur dire ! Il faut leur dire ! ils nous tuent ! ” C’était très dur. Engagé politiquement ou pas, tout le monde a compris qu’il fallait réagir.

En tuant nos frères, nos amis, nos cousins, il a poussé tous les Tunisiens dehors. On n’avait plus rien à perdre. »

Le directeur de l’Agence tunisienne d’Internet, chargée de bloquer les sites, reconnaîtra après le départ de Ben Ali que la profusion d’informations était alors devenue impossible à contenir. Ils étaient des centaines, dont Slim, à sortir dans la rue, non pas pour manifester mais pour rapporter des images. Des passages éclairs pour ne pas se faire attraper par la police(...)

Le 6 janvier, ils sont embarqués. Les autorités enferment Azyz, surnommé « monsieur Sidi Bouzid » par les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et Slim404. Ils sont interrogés longuement. On leur fait croire que c’est une de leurs amies qui a balancé. Plus d’un mois après, elle ne leur pardonne pas cette trahison, avoir cru la police.

Alors qu’en prison, la télé nationale ne parle que de terroristes et de cagoulés, ceux qui les rejoignent avec des informations fraîches assurent que le pays entier s’enflamme.
(...) Wikio