
Alors que la loi Macron favorise le développement du transport par autocar, le chemin de fer périclite : dégradation de l’offre, augmentation des tarifs, baisse du trafic de fret. Le signal d’alarme est tiré et une pétition lancée pour alerter les pouvoirs publics.
Le chemin de fer français a connu une période favorable dans les années 1970, mais la situation s’est peu à peu dégradée depuis lors et des menaces nouvelles s’accumulent dangereusement depuis deux ans.
Une offre dégradée
Sur le terrain, tous les voyageurs, quotidiens ou occasionnels, constatent que, même si tout n’est pas noir, la qualité des services ferroviaires n’est plus ce qu’elle a été :
– il devient difficile de se procurer des informations et d’acheter des billets, car les boutiques SNCF ferment même dans les grandes villes, et les guichets de gares sont souvent fermés ;
– les tarifs, souvent illisibles, sont devenus trop élevés, en particulier pour les déplacements de dernière minute par TGV et les déplacements familiaux ;
– de nombreux TER sont supprimés, surchargés, en retard de manière répétitive ; les trains sont ralentis sur 4 000 km de lignes afin de maintenir la sécurité malgré la dégradation des infrastructures ;
– les fréquences sont réduites, les correspondances deviennent plus difficiles ; des liaisons Intercités de jour et de nuit sont supprimées, des lignes interrégionales sont fermées (Lyon-Bordeaux), d’autres sont sérieusement menacées (Clermont-Béziers).
Les conséquences pour la collectivité
Les conséquences de l’appauvrissement de l’offre sont lourdes pour l’aménagement du territoire et l’environnement.
Le train n’étant plus fiable, des usagers réguliers commencent à l’abandonner pour privilégier la voiture, l’autocar ou l’avion à bas coût. La contraction de l’offre pénalise les villes moyennes.
Quant au trafic de fret, il a régressé de 30 % depuis dix ans au profit de la route. (...)
Les responsabilités de la SNCF sont évidentes. Sa direction, depuis des années, se débarrasse de tous les services déficitaires – messagerie (« wagon isolé »), services voyageurs sur les petites lignes, trains de nuit, auto-train… – sans se préoccuper des difficultés qui en résultent pour les voyageurs et les entreprises, et sans même chercher à corriger sa politique commerciale, manifestement déficiente.
La SNCF est également responsable d’une partie des dysfonctionnements quotidiens qui affectent la circulation des trains (...)
Les responsabilités de l’Etat sont lourdes elles aussi.
– La gouvernance du système ferroviaire est défaillante. La loi du 4 août 2014 a eu le mérite de rassembler, au sein de SNCF Réseau, tous les organismes intervenant sur les infrastructures, mais la dette ferroviaire s’alourdit de 2 milliards d’euros par an.
– Le vieillissement des infrastructures classiques a été dénoncé de longue date par la FNAUT. Confirmé en 2005 par un audit de l’Ecole Polytechnique de Lausanne, il n’est que ralenti par les importants travaux de régénération en cours.
– L’Etat, depuis des décennies, apporte un soutien sans faille aux modes de transport concurrents du rail (...)
De nouveaux dangers
La situation du rail s’est récemment aggravée : augmentation du taux de TVA sur le transport public, abandon de l’écotaxe poids lourds, refus de la fiscalité écologique malgré la baisse du prix du pétrole, libéralisation sans précaution du transport par autocar à longue distance (loi Macron), abandon de l’autoroute ferroviaire atlantique, réduction des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales, avantages concédés à la voiture dite propre, absence du transport public dans la loi sur la transition énergétique…
Tous les trafics voyageurs sont en difficulté
Les voyageurs ont besoin de dessertes TER, Intercités et TGV. (...)
Si rien ne change, nous allons assister à une régression dramatique du trafic ferroviaire de voyageurs, comparable à celle du trafic de fret. Mais une relance des activités ferroviaires n’a rien d’utopique : en Allemagne et en Grande-Bretagne, les trafics voyageurs et fret se développent. L’Etat doit assumer ses responsabilités (...)
la FNAUT vient de lancer une pétition nationale adressée au Chef de l’Etat et au Premier ministre et leur demandant de réviser profondément leur politique des transports. (...)